La plupart des pays ont salué favorablement l'annonce de la mort d'Oussama Ben Laden, tué au Pakistan par un commando américain. Pour autant, les capitales concernées restent sur leurs gardes devant le risque de représailles.
AFP - La mort d'Oussama Ben Laden, tué par des forces américaines au Pakistan, a été saluée lundi par la plupart des pays, qui ont toutefois averti que cela ne signifiait pas la fin d'Al-Qaïda et du terrorisme.
"Justice est faite", a lancé le président Barack Obama en annonçant le décès d'un "terroriste responsable du meurtre de milliers d'innocents". Mais il a exhorté à "rester vigilant", assurant qu'Al-Qaïda continuait à menacer les Etats-Unis.
C'est "un tournant" dans la lutte mondiale contre le terrorisme, a réagi le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon.
Mais le directeur de la CIA, Leon Panetta, a estimé que même si "nous avons porté un coup terrible à l'ennemi", il était "presque certain" que "les terroristes" allaient tenter de venger Oussama Ben Laden.
"Nous avons besoin de rester vigilants pour complètement démanteler le réseau d'Al-Qaïda, car la menace d'une action de représailles est sérieuse", a renchéri la haute représentante de l'UE pour les affaires étrangères, Catherine Ashton.
Londres a ordonné à ses ambassades dans le monde de consolider leur dispositif de sécurité, a annoncé le chef de la diplomatie britannique William Hague, selon lequel "Nous allons devoir continuer dans les jours à venir à être vigilants, même plus vigilants, quant à la menace terroriste internationale".
Pour le Premier ministre britannique David Cameron, dont le pays avait été visé en 2005 par des attentats liés à Al-Qaïda, il s'agit d'un "grand soulagement pour les peuples dans le monde", mais "bien entendu pas de la fin de la menace du terrorisme extrémiste".
L'Espagne, également visée par des attentats liés à Al-Qaïda en 2004, s'est dite "soulagée, tout en soulignant elle aussi qu'il ne fallait pas "baisser la garde".
Interpol, l'organisation de coopération policière internationale, a à son tour évoqué la possibilité d'"un risque terroriste plus élevé".
"Nous craignons beaucoup qu'il y ait des représailles", a admis de son côté le ministre brésilien des Affaires étrangères, Antonio Patriota.
Les talibans pakistanais, alliés à Al-Qaïda, ont d'ailleurs juré de venger Ben Laden et un millier de manifestants ont défilé au cri de "Mort à l'Amérique !" à Quetta, dans le sud du Pakistan, pays dont le Premier ministre Yousuf Raza Gilani, lui, s'est félicité d'une "grande victoire" contre le "terrorisme".
L'Arabie saoudite, pays d'origine de Ben Laden qui l'avait déchu de sa citoyenneté, espère que son élimination "contribuera à renforcer" la lutte internationale "contre le terrorisme" et le président afghan Hamid Karzaï a déclaré que le chef d'Al-Qaïda avait payé pour "ses actes".
Le Premier ministre de l'Autorité palestinienne Salam Fayyad a parlé d'"événement capital", l'Irak s'est dit "ravi" et le président turc Abdullah Gül a fait part de "sa grande satisfaction".
Le chef du gouvernement libanais en exercice Saad Hariri a jugé que Ben Laden avait été une "tache noire" dans l'histoire de l'islam, le Yémen, engagé dans une lutte contre Al-Qaïda, émettant pour sa part le souhait que sa mort constitue "le début de la fin du terrorisme".
Israël a applaudi "cette victoire de la justice, de la liberté et des valeurs communes des pays démocratiques qui ont combattu côte à côte le terrorisme", tout en mettant en garde contre la réaction de réseaux liés à Al-Qaïda.
Et pour les rebelles de Libye, ce serait un "grand cadeau" si les Etats-Unis tuaient aussi le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi.
Parmi les voix discordantes, celle du chef du gouvernement du mouvement palestinien Hamas à Gaza, Ismaïl Haniyeh, qui a dénoncé "la poursuite de la politique d'oppression américaine fondée sur l'effusion du sang des Arabes et des musulmans".
De l'avis d'un responsable jordanien, la disparition de Ben Laden mettra "fin aux campagnes injustes en Occident contre l'Islam", tandis que Téhéran considère qu'elle enlève à Washington le "prétexte" de la lutte antiterroriste pour déployer des forces au Proche-Orient.
"Si les Etats-Unis ont réussi à tuer Ben Laden, qu'ils le fêtent, mais moi je ne fête pas la mort de qui que ce soit", s'est exclamé le ministre équatorien des Affaires étrangères Ricardo Patino.
Pour le Vatican non plus, on ne peut se réjouir de la mort d'un être humain, bien que Ben Laden ait eu "une très grave responsabilité" dans la diffusion de "la haine entre les peuples".
La fin d'Oussama Ben Laden, qui représentait "l'incarnation du mal", constitue "le premier miracle" de Jean Paul II béatifié dimanche à Rome, n'a au contraire pas hésité à lancer Alan Garcia, le président du Pérou.
Quant au gouvernement égyptien, il a préféré ne pas faire de "commentaires".
En Europe, le président français Nicolas Sarkozy a rendu hommage à la "détermination" de Barack Obama face à Al-Qaïda et la chancelière allemande Angela Merkel a évoqué "une victoire des forces de paix".
Pour le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi, c'est "un grand résultat dans la lutte contre le mal".
La Russie a relevé "le succès important obtenu par les Etats-Unis dans la guerre contre le terrorisme international".
Le Kenya, cible en 1998 d'un attentat meurtrier contre l'ambassade des Etats-Unis à Nairobi, a salué "un acte de justice".
L'Inde a relevé que Ben Laden se cachait au Pakistan, pays voisin qu'elle accuse de servir de "sanctuaire" à des groupes l'attaquant.
"Notre guerre contre le terrorisme doit se poursuivre", a noté la Première ministre australienne Julia Gillard, cependant que pour le Premier ministre néo-zélandais John Key, la disparition de Ben Laden "ne provoquera pas la fin immédiate du terrorisme".
Au Japon, le chef de la diplomatie a parlé d'"un progrès significatif", mais le ministre de la Défense a annoncé un renforcement de la sécurité concernant les bases militaires.
Le Chili, la Colombie, le Mexique, l'Uruguay ont salué "une bonne nouvelle et "un coup porté au terrorisme international".
L'Argentine, où l'ambassade d'Israël a été la cible d'une attaque en 1992, a néanmoins affirmé ne pas avoir peur des menaces d'Al-Qaïda.