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Les opposants enterrent leurs morts et veulent poursuivre le mouvement

Au lendemain du "vendredi de la colère" qui a causé la mort de 62 personnes dans les rangs des manifestants, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme, les opposants enterrent leurs morts. De nouveaux appels à manifester ont été lancés.

Le Conseil des droits de l'Homme de l'Onu condamne Damas

Le Conseil des droits de l'Homme de l'Onu (CDH) a voté vendredi à Genève une résolution américaine condamnant "explicitement l'usage de la violence meutrière contre les manifestants pacifiques par les autorités syriennes". La résolution prévoit l'envoi urgent d'une mission pour enquêter sur les violations présumées des droits de l'Homme et pour établir les faits et circonstances de ces violations et des crimes commis". Elle a été adoptée par 26 votes pour, 9 contre, et 7 abstentions (47 États sont membres du CDH).

AFP - Les opposants syriens s'apprêtaient samedi à enterrer leurs dizaines de morts tués la veille alors qu'Américains et Européens ont décidé d'imposer des sanctions au régime du président Bachar al-Assad confronté depuis six semaines à une contestation sans précédent.

Sous le slogan "la semaine de la levée du siège", les "jeunes de la révolution syrienne 2011" ont salué sur leur page Facebook les morts tombés vendredi, "journée de la colère".

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme, 62 personnes ont été tuées vendredi, dont 33 dans la province de Deraa (sud), berceau de la contestation, alors que dans la province de Homs (centre), 25 personnes ont péri à Ar-Rastan et deux à Homs. Dans le nord-ouest, deux personnes ont été tuées à Lattaquié et ses environs.

Le "Comité des martyrs du 15 mars", proche des opposants, a indiqué que 582 personnes ont été tuées depuis le début de la révolte. Vendredi, selon son dernier décompte, il y a eu 56 tués, dont 32 dans la région de Deraa et 24 à Ar-Rastan, à 180 km au nord de Damas, non loin de Homs.

Pour sa part, un porte-parole militaire et un responsable du ministère de l'Intérieur ont fait état de la mort vendredi de huit soldats et d'un policier dans des attaques de "groupes terroristes" à Deraa et Homs.

Les manifestants tués seront enterrés samedi à 16H30 locales (13H30 GMT), ont indiqué les militants sur Facebook.

"La liberté approche inexorablement (...) ce peuple qui a sacrifié ses jeunes pour la liberté l'obtiendra prochainement, prochainement", écrivent-ils.

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Reportage à la frontière syro-libanaise, traversée par des centaines de Syriens

Les militants ont promis de nouvelles manifestations pour cette "semaine de levée du siège", notamment dimanche à Deraa, lundi dans les environs de Damas, mardi à Banias et Jableh (nord-ouest), et mercredi à Homs, Talbiseh (centre) et Tall Kalakh, à la frontière avec le Liban.

Jeudi, les manifestants entendent organiser des "sit-in nocturnes" dans toutes les villes. Les forces de sécurité encerclent Deraa et Douma (à 15 km au nord de Damas), depuis le début de la semaine.

Quelques dizaines de milliers de manifestants avaient bravé vendredi l'inderdiction et défilé dans les rues de plusieurs villes, scandant "Liberté" et appelant à la chute du régime.

Des vidéos filmées par les protestataires et diffusées sur YouTube montrent à l'entrée de Deraa des manifestants paniqués fuyant des tirs nourris.

Samedi, "la ville est une zone militaire et la situation est tragique mais notre moral est haut", a déclaré Abdallah Abazid, militant des droits de l'homme de Deraa.

En outre, sept organisations des droits de l'Homme demandent samedi dans un communiqué la libération de Hazem Nahar, un médecin arrêté jeudi. Agé de 43 ans, il est le dirigeant du Parti révolutionnaire des travailleurs. "Cet arrestation ainsi que les nombreuses autres menacent la liberté et la sécurité individuelle des personnes et nous demandons leur libération immédiate", affirment-elles.

Les Etats-Unis et l'Union européenne ont décidé vendredi de prendre des sanctions contre la Syrie.

En raison de "violations des droits de l'Homme", le président américain Barack Obama a décidé des sanctions économiques contre le frère cadet du président syrien, Maher al-Assad, un haut responsable de l'armée syrienne, Ali Mamlouk, chef des services de renseignement et Atef Najib, présenté comme l'ancien chef du renseignement pour la province de Deraa, a annoncé la Maison Blanche.

La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a elle exhorté le président syrien à cesser "immédiatement" les violences.

L'UE a l'intention de décréter un embargo sur les armes et de préparer d'autres sanctions contre le régime syrien en réponse à la répression sanglante, selon des sources diplomatiques à Bruxelles.

Pour sa part, le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU a voté une résolution demandant l'envoi urgent d'une mission en Syrie pour enquêter sur les violations des droits de l'Homme.