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Moscou et Pékin bloquent l'adoption d'un texte par le Conseil de sécurité de l'ONU

Les pays membres du Conseil de sécurité de l'ONU ne parviennent toujours pas à s'accorder sur un projet de déclaration condamnant la répression du mouvement de contestation en Syrie. La Russie met en garde contre toute "ingérence".

AFP - Les quinze pays du Conseil de sécurité de l'ONU n'ont pas réussi à se mettre d'accord mercredi sur une déclaration pour condamner la répression en Syrie, la Russie mettant en garde contre une "ingérence extérieure" qui pourrait causer "une guerre civile".

Un projet de déclaration présenté par la Grande-Bretagne, la France, l'Allemagne et le Portugal circulait depuis lundi au Conseil de sécurité.

Les quatre pays y condamnaient la violence du régime de Bachar el-Assad contre les manifestants et lançaient un appel à la retenue.

Mais mercredi, lors d'une réunion spéciale à huis clos du Conseil de sécurité sur la Syrie, "il est vite devenu clair qu'il n'y aurait pas de consensus sur une déclaration", a indiqué un diplomate sous couvert d'anonymat.

C'est la Russie et la Chine qui ont bloqué la déclaration. N'étant pas parvenus à trouver un accord, les autres pays du Conseil de sécurité ont alors ouvert la réunion pour s'exprimer publiquement.

La France a appelé à prendre des "mesures fortes" contre le président el-Assad s'il continue à rejeter les injonctions de la communauté internationale à cesser les violences qui ont fait des centaines de morts depuis mi-mars.

Un bilan faisant état de 350 à 450 morts

Un haut responsable de l'ONU a affirmé qu'entre 350 et 400 personnes ont été tuées en Syrie. Les ONG font état d'un bilan d'au moins 450 morts.

Les Etats-Unis, par la voix de l'ambassadrice Susan Rice, ont sommé Bachar el-Assad de "changer de cap maintenant" et "d'écouter les appels de son propre peuple" pour le changement.

"Les Etats-Unis condamnent dans les termes les plus forts possibles la violence horrible utilisée par le gouvernement contre son propre peuple", a ajouté Mme Rice.

"Le peuple de Syrie pleure pour la liberté d'expression, d'association, de rassemblement pacifique et la possibilité de choisir librement ses dirigeants doit être entendue", a-t-elle dit.

Les réticences de Moscou

La Russie a estimé pour sa part qu'une action internationale ne saurait être justifiée par la répression de Damas qui ne constitue pas à ses yeux, une menace pour la paix et la sécurité internationales.

L'ambassadeur russe Alexandre Pankine a insisté sur le fait "qu'une réelle menace à la sécurité régionale pourrait venir d'une ingérence extérieure".

"De telles approches peuvent mener à un cercle de violence sans fin et pourrait provoquer la guerre civile" dans un pays clé du Moyen-Orient, a-t-il dit.

L'émissait chinois Li Baodong a souligné qu'une "aide constructive" pourrait être donnée à la Syrie.

"Si rien de positif ne se passe, la France, avec d'autres, va étudier une série d'options visant à augmenter la pression sur le régime syrien de façon à ce qu'il mette fin à la répression et s'engage sur la voie des réformes", a déclaré pour sa part l'ambassadeur français Gérard Araud.

M. Araud a précisé peu après devant les journalistes que "les positions étaient très éloignées" et que l'obtention d'un accord aurait été "un processus très long".

L'Allemagne soutiendrait aussi "des mesures appropriées", a expliqué l'émissaire allemand Peter Wittig lors de la réunion.

L'ambassadeur syrien à l'ONU Bachar Jaafari s'est félicité de l'échec du Conseil de sécurité. Pour lui, les pays occidentaux à l'origine de la déclaration "manquaient d'objectivité et d'impartialité". "Nous réfutons toutes les accusations que vous avez entendues", a-t-il dit aux journalistes.

"Nous pensons qu'une seule victime innocente est de trop. Personne ne ferait autant attention que nous", a-t-il ajouté.

Les représentants des 27 pays de l'UE se réuniront vendredi à Bruxelles pour discuter d'éventuelles sanctions contre la Syrie.