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"L'armée rebelle est désormais structurée"

Dans les rues désertes d'Ajdabiya, les journalistes de FRANCE 24 ont croisé un groupe de rebelles prêts à monter au front. Loin de l’amateurisme des premiers jours, les opposants à Mouammar Kadhafi sont devenus des soldats disciplinés.

La stratégie militaire s’est affinée et la coordination s’est améliorée. Les opposants au régime de Mouammar Kadhafi ne sont plus les soldats inexpérimentés et indisciplinés des premiers jours. Trois mois après le début de la révolte contre le Guide libyen, les rebelles, encadrés et formés par les anciens soldats de l’armée régulière qui ont fait défection, savent désormais marcher au pas et manier les armes.

Dans la ville rebelle d’Ajdabiya (est du pays) abandonnée par ses habitants, Cyril Vanier et Norredine Bezziou, les envoyés spéciaux de FRANCE 24 en Libye, ont rencontré un groupe d'insurgés en route pour le front, à 40 kilomètres de là.

Les deux journalistes - qui avaient déjà suivi des combattants de la rébellion il y a quelques semaines - témoignent aujourd’hui de la "naissance" de nouveaux soldats. Gilets pare-balles pour tous, pick-ups alignés : les combattants ont appris la discipline militaire. "Avant, les rebelles s'organisaient n'importe comment. Aujourd'hui, ils sont structurés", confie l’un d'eux.

Nouvelle tactique, nouveaux soldats, nouvelle armée

Désormais en effet, plus question de monter au front la fleur au fusil, sans protection ni plan d’attaque. Plus question non plus de laisser les civils et les journalistes s’immiscer au plus près des combats : aujourd'hui, la sécurité prime. "Derrière cette ligne, c'est interdit aux médias, comme l'indique la pancarte [plantée sur la route, NDLR]", explique Ahmed, un ancien de l’armée, le chef des opérations.

Dans peu de temps, Alaa, qui dirige une trentaine de soldats, partira se battre, escortés par 11 pick-ups. L’ennemi ne serait qu'à une heure de route. Si l’appréhension est toujours là, l’espoir ne fait plus défaut. Armés de mitraillettes, de lance-roquettes et de canons anti-aériens vissés à l’arrière des jeeps, ses hommes ont de quoi tenir tête à l’armée de Kadhafi.

Postées en amont sur la route du front, des troupes de reconnaissance leur ont préparé le terrain. Leur mission : localiser les troupes ennemies, une tâche capitale en temps de guerre. Chaque position ennemie identifiée permet en effet à l’Otan d'intervenir et représente un pas de plus vers la victoire. "Maintenant, nous communiquons. Quand nous repérons des troupes fidèles à Kadhafi, soit l'Otan décide d'une frappe aérienne, soit nous leur tendons des embuscades", explique Ahmed, le stratège.

Nouvelle tactique, nouveaux soldats, nouvelle armée : la machine a l’air bien huilée et les insurgés se mettent à rêver d’une victoire prochaine. "Grâce à une meilleure coordination au sol et à l’appui aérien de l’Otan, les rebelles semblent désormais convaincus qu’ils pourront, dans les prochains jours, regagner du terrain", conclut Cyril Vanier.