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Reprise des combats frontaliers entre la Thaïlande et le Cambodge après une courte trève

Après 24 heures de trève, les combats ont repris lundi, au quatrième jour des pires affrontements frontaliers depuis vingt ans entre l'armée thaïlandaise et l'armée cambodgienne. Le bilan fait état de plus de douze morts depuis vendredi.

REUTERS - Des affrontements ont opposé de nouveau soldats thaïlandais et cambodgiens à la frontière, après pratiquement 24 heures de trêve dans les combats qui ont fait au moins 12 morts depuis vendredi.

Des tirs et des explosions ont été entendus près de deux temples hindous du XIIe siècle, qui, depuis vendredi, ont été le théâtre du plus sanglant conflit frontalier entre les deux pays en près de 20 ans, ont rapporté des témoins. Ces combats ont provoqué l'évacuation de près de 50.000 habitants du secteur vers des centres d'hébergement provisoires.

La Thaïlande a renouvelé son appel à des pourparlers directs avec le Cambodge, après l'annulation d'une visite dans les deux pays du chef de la diplomatie indonésienne, Marty Natalegawa, dont le pays est le président en exercice de l'Asean (Association des Nations de l'Asie du Sud-Est). Le 22 février, ce ministre était parvenu à obtenir un cessez-le-feu.

Cette trêve prévoyait l'envoi d'observateurs militaires indonésiens le long de la frontière contestée, qui ne s'est jamais concrétisé.

La Thaïlande a refusé jusque-là la présence d'observateurs internationaux, mais son ministre des Affaires étrangères, Kasit Piromya, qui s'est adressé lundi à des journalistes dans un centre d'hébergement, n'a pas exclu qu'ils puissent finalement venir se déployer.

"Nous n'y sommes pas hostiles. C'est une question délicate", a-t-il dit lors d'un point de presse, à une trentaine de kilomètres du théâtre des opérations.

La Thaïlande souhaite que le conflit soit résolu de manière bilatérale, par le biais d'une commission mixte qui n'a pas réussi, depuis dix ans, à délimiter clairement la frontière.

Litige depuis l'indépendance du Cambodge

De larges zones frontalières ne sont pas clairement délimitées et peuvent être contestées par l'une ou l'autre des parties. Ce conflit territorial est le plus violent depuis deux décennies entre les deux voisins.

Les combats qui ont éclaté vendredi près des deux temples avaient été précédés en février de quatre jours d'affrontements qui avaient fait 11 morts autour d'un autre temple, Preah Vihear, situé à 150 km plus à l'est.

Depuis l'indépendance de l'ancien protectorat français en 1953, le Cambodge dispute à la Thaïlande la jungle des montagnes Dangrek et ses trois temples hindous - Preah Vihear, Ta Moan et Ta Krabey.

Les plus violents combats des derniers jours ont eu lieu autour du site de Ta Moan. Les deux armées sont également positionnées autour de Ta Krabey, où les premiers affrontements ont eu lieu vendredi et où la Thaïlande accuse le Cambodge d'installer des bases militaires.

Depuis vendredi, cinq militaires thaïlandais ont été tués et 31 autres blessés, déclarent les autorités thaïlandaises. Le bilan officiel côté cambodgien est de sept morts et 17 blessés.

Plusieurs analystes estiment que les deux capitales ont chacune des raisons politiques d'avoir déclenché le conflit.

Des généraux thaïlandais proches des milieux ultra-nationalistes pourraient tenter de créer un contexte propice à un coup d'Etat, pour empêcher l'organisation des élections prévues d'ici juillet.

Le gouvernement cambodgien pourrait stimuler la ferveur nationaliste pour remonter dans l'opinion, en prouvant que son armée est capable de tenir tête au rival historique.