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À Ouagadougou, la population appelle au changement

Au Burkina Faso, le calme est précaire, ce mercredi. Notre envoyée spéciale s’est rendue à Ouagadougou où les habitants, traumatisés par une série de mutineries, réclament un changement de régime. Pour un printemps burkinabè ?

Après l’embrasement provoqué par la mutinerie de la garde du président Blaise Compaoré, jeudi dernier, le calme semble revenu dans les principaux foyers de contestation du Burkina Faso, mercredi matin.

Les soldats qui réclamaient le paiement des salaires du mois de mars, une indemnité de logement et une prime alimentaire, ont commencé à percevoir ces sommes le samedi 16 avril.

Mais dans la capitale, les habitants ne sont toujours pas rassurés. Après les violences et les pillages de ces derniers jours, la population craint que les militaires se livrent à de nouvelles exactions.

Emmanuelle Sodji, envoyée spéciale de FRANCE 24 à Ouagadougou, a été confrontée sur place à l’inquiétude des Ouagalais, comme le confie à son micro l’un des habitants : "La population a vraiment peur des militaires car ce sont eux qui nous ont sécurisés. Et maintenant, ils sont contre nous."

Une crise révélatrice du malaise social

Ces mutineries ont aussi mis en lumière les aspirations plus profondes traversant toutes les couches de la société burkinabé. Confrontées depuis deux mois à une agitation sociale sans précédent, les autorités ont, cette fois, été contraintes d’amorcer timidement le dialogue.

Les principaux syndicats attendent toujours des réponses aux revendications qu’ils ont posées lors d’une grande manifestation à Ouagadougou, il y a une dizaine de jours. Des milliers de personnes s’étaient rassemblées dans la capitale pour réclamer des réformes portant sur l’impunité, la vie chère, la corruption et la défense des libertés démocratiques.

Bassolma Bazie, secrétaire général adjoint de la Confédération générale du travail du Burkina Faso (CGT), n’envisage pas de plier avant d’avoir obtenu un signe fort de la part des autorités : "Nous entendons nous battre, maintenir la pression jusqu’à ce que nous trouvions des solutions adéquates aux revendications que nous avons posées."

Un printemps burkinabé ?

Pour l’heure, le président Compaoré, qui a annoncé dès vendredi la dissolution du gouvernement, le remplacement des principaux chefs de l'armée et l’instauration d’un couvre-feu à Ouagadougou, est parvenu à endiguer la crise la plus grave depuis son arrivée au pouvoir en 1987.

Mais la révolte couve toujours au Burkina Faso, qui pourrait voir le vent du "printemps arabe" souffler jusque dans sa capitale. C’est d’ailleurs le souhait affiché des habitants les plus remontés à l’égard du chef de l’État.

"Pour nous, en toute honnêteté, il faut que le président renonce à la présidentielle. S’il décide dès maintenant de manière ferme qu’il ne va plus se présenter, tous les problèmes seront résolus", prophétise, au micro de FRANCE 24, l’un de ces mécontents.