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Dans l'Ouest de la Libye, la ville côtière de Misrata est le théâtre de violents combats entre insurgés et forces pro-Kadhafi. Reportage exclusif au cœur de la ville, où les deux camps se battent quartier par quartier.

Ce week-end, les combats se sont poursuivis dans les rues de Misrata, où l’insurrection tente toujours de desserrer l’étau des forces kadhafistes. Dimanche, la rébellion a pris d’assaut un carrefour de la ville : l'objectif du jour dans cette guerre de position que se livrent les deux camps. 

Le camion qui emmène un groupe de rebelles libyens sur le front est en retard. Pourtant, les hommes à son bord n’auront aucun mal à retrouver le champ de bataille, d’où s’échappe une épaisse fumée noire.

Nos reporters Matthieu Mabin et Alexandra Renard, envoyés spéciaux de FRANCE 24, les accompagnent. Arrivés à Misrata le 12 avril, ils suivent la rébellion libyenne de Misrata alors qu’elle lutte toujours pour prendre le contrôle de la ville face aux forces du colonel Kadhafi.

"Ils n’ont rien fait"

Pour ce combat, une fois encore, les insurgés ne peuvent compter que sur eux-mêmes, déplorent Salaheddine, l’un des combattants : "Cette position, on a demandé à l’Otan de la bombarder. Ca fait un mois qu’on attend maintenant. On a donné les coordonnées mais ils n’ont rien fait."

Même sans l’appui de l’Otan, les insurgés sont prêts à payer le prix fort. Tandis que les balles continuent de siffler, l’un des combattants explique au micro de FRANCE 24 les raisons de son combat : "On se bat pour nos droits. Ceux qui meurent sont heureux de combattre Kadhafi. Vous comprenez ? On sacrifiera notre sang pour notre liberté."

En fin d’après-midi, les insurgés se réunissent pour la dernière prière du jour, qui précède l’offensive finale. Quelques minutes plus tard, les rebelles arrachent la position. La victoire est maigre et le bilan en pertes humaines, lui, beaucoup plus lourd : une dizaine de tués pour un carrefour.

Bombes à sous-munitions

Sur la seule journée de dimanche, au moins 17 personnes ont été tuées à Misrata, a précisé lundi un porte-parole des rebelles. Une centaine de personnes, pour la plupart des civils auraient également été blessées.

Des membres du personnel de l’hôpital de Misrata ont affirmé avoir constaté, sur ces personnes, des blessures qui auraient été provoquées par l’utilisation de bombes à sous-munitions. Ces affirmations font écho aux déclarations des rebelles, appuyées par l’organisation de défense des droits de l’homme Human Rights Watch, qui avaient dénoncé vendredi l’utilisation de ce type d’arme par les forces pro-Kadhafi.

L’emploi des bombes à sous-munitions fait l’objet d’une convention internationale qui interdit leur utilisation en raison des blessures qu'elles peuvent infliger aux populations civiles en marge des affrontements militaires. Plus d’une centaine de pays l’ont à ce jour signée.

Un millier de morts depuis fin-février

Lundi, les forces fidèles au leader libyen ont repris les bombardements sur les positions des insurgés. La direction de l’hôpital de la ville rebelle, assiégée par les forces loyales au régime, a annoncé qu’environ 1 000 personnes avaient été tuées depuis le début des affrontements, il y a maintenant deux mois.

L’administrateur de l’établissement, qui explique que 80 % des morts sont des civils, avance également le chiffre de 3 000 blessés depuis le début du conflit.