logo

Kouchner sommé de s'expliquer sur ses liens avec le Gabon

À la suite des allégations du livre de Pierre Péan sur les relations de Bernard Kouchner avec le régime du Gabon, la classe politique française, de gauche comme de droite, demande des explications à son ministre des Affaires étrangères.

REUTERS - Le député socialiste Arnaud Montebourg a demandé mardi au ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner de s'expliquer sur les allégations contenues dans un livre sur ses relations avec le régime du Gabon.

Le député Vert Yves Cochet estime pour sa part que Bernard Kouchner devrait être interrogé par la commission des affaires étrangères de l'Assemblée nationale.

"Je crois qu'il doit être interrogé par la commission des Affaires étrangères de l'Assemblée, longuement, lors d'une audition", a-t-il dit aux journalistes.

Le député UMP Claude Goasguen a déclaré dans les couloirs de l'Assemblée que le ministre des Affaires étrangères devait d'abord s'expliquer tout en disant être tombé des nues.

"Il faut d'abord qu'il s'explique et après il faut voir s'il y a des poursuites ou s'il n'y en a pas. Cela étant, on est tombé des nues quand même, c'est une mauvaise surprise", a-t-il dit dans les couloirs de l'Assemblée nationale.

Le journaliste Pierre Péan décrit dans "Le monde selon K." les tâches de conseil rémunérées de Bernard Kouchner dans le passé auprès des autorités gabonaises, dont le président Omar Bongo est un pilier de l'influence française en Afrique.

Il accuse le chef de la diplomatie française d'être intervenu auprès d'Omar Bongo le 25 mai 2007, alors qu'il était déjà nommé à la tête du Quai d'Orsay, pour demander le paiement de 800.000 euros de factures établies par deux sociétés de conseil, Africa Steps et Imeda, créées en 2002 par deux proches.

Arnaud Montebourg, le secrétaire national du PS à la Rénovation, se base sur ces allégations pour s'en prendre dans un communiqué au ministre des Affaires étrangères, un ex-socialiste rallié à Nicolas Sarkozy.

"L'ex French doctor n'est plus seulement dans une dérive idéologique qui l'a amené à s'aligner sur les positions de la droite américaine. Le voici dans une pénible dérive affairiste où l'argent de la Françafrique rémunère grassement le faux idéal de Bernard Kouchner", déclare-t-il.

Evoquant "de graves infractions à la morale publique", il ajoute : "si Bernard Kouchner a encore un honneur, il doit enfin s'expliquer sérieusement devant l'opinion publique".

Symbole de la politique d'ouverture

Bernard Kouchner, un des fondateurs de Médecins sans frontières, a été ministre de François Mitterrand et a soutenu Ségolène Royal avant d'entrer dans le gouvernement Fillon, un symbole de la politique d'ouverture de Nicolas Sarkozy.

Il a été consultant pour Imeda et a travaillé à partir de 2004 sur une étude portant sur la mise en place d'un dispositif d'assurance maladie au Gabon.

Dans un communiqué publié mi-janvier à la suite de premières fuites sur le livre, il déclarait avoir cessé toute activité de consultant depuis son entrée au Quai d'Orsay.

"Bernard Kouchner n'a jamais appartenu à la société Imeda dont il était l'un des consultants et n'avait donc aucune raison de se préoccuper du règlement des factures de celle-ci", disait le communiqué du ministre.

"S'il a pu être amené à évoquer son rapport sur l'assurance maladie au Gabon avec le président Bongo, c'est uniquement pour s'informer de l'état d'avancement de la mise en oeuvre de la loi née de ce rapport", ajoutait-il.

Lorsqu'il était encore dans l'opposition, Bernard Kouchner avait été critiqué pour avoir rédigé en 2003 un rapport rémunéré par Total et qui légitimait, selon ses détracteurs, la présence de cette multinationale dans ce pays où la dictature militaire est accusée d'avoir recours au travail forcé.