Les forces de sécurité syriennes ont encerclé le petit port de Badia, situé à une dizaine de kilomètres de la ville de Banias, l'un des fiefs des insurgés en Syrie. Selon plusieurs sources, des combats seraient en cours.
Reuters - Les forces de sécurité syriennes ont donné l'assaut mardi contre une ville proche de Banias, l'un des hauts lieux de la contestation contre le président Bachar al Assad, ont rapporté des militants des droits de l'homme.
Le petit port de Baida, situé à 10 km de Banias, est selon ces sources encerclé et théâtre d'échanges de tirs.
Certains de ses habitants sont allés grossir les rangs samedi d'une importante manifestation à Banias, au cours de laquelle 200 cercueils vides ont été exhibés, en mémoire des 200 personnes, qui, selon des estimations, ont perdu la vie depuis le début du soulèvement contre le président syrien.
Les habitants de Baida, dit-on de même source, disposent d'armes et il semble qu'un conflit armé ait été engagé.
"Les ambulances tentent de rallier Baida. Il y a des blessés là-bas", a expliqué un militant des droits de l'homme.
Un homme originaire de Banias, en contact régulier avec des habitants de Baida, rapporte que les réseaux de téléphonie mobile ont été coupés dans la ville, une tactique souvent employée par les forces de sécurité syriennes avant de mener une opération dans une zone urbaine.
Des véhicules blindés ont pénétré dans la ville et des soldats ont "ouvert le feu dans tous les sens", a-t-il dit, ajoutant que tous les jeunes hommes de Baida étaient extraits manu militari des maisons avant d'être arrêtés.
"Plus de répression"
Onze ans après son accession au pouvoir, le président Assad est confronté à un mouvement de contestation sans précédent dans l'histoire moderne de la Syrie où l'état d'urgence est en vigueur depuis le coup d'Etat orchestré par le parti Baas en 1963.
Le principal comité syrien de défense des droits de l'homme du pays, baptisé la Déclaration de Damas, a adressé lundi une lettre au secrétaire général de la Ligue arabe, qui ressemble à un appel au secours.
"Le soulèvement en Syrie pleure 200 martyrs, des centaines de blessés et un nombre équivalent d'arrestations", écrit-il. "Nous vous demandons (...) d'imposer des sanctions politiques, diplomatiques et économiques au régime syrien", ajoute-t-il. De leur côté, les autorités syriennes continuent de dénoncer "des groupes armés" et des "éléments extérieurs infiltrés", coupables selon elles de semer la violence en Syrie et de tuer des policiers ainsi que des soldats de l'armée régulière.
Mardi, l'agence de presse officielle Sana a rapporté la mort de six membres des services de sécurité et fait état de 168 blessés à Deraa, Homs et Lattaquié.
Parallèlement, l'organisation non gouvernementale Human Rights Watch, qui affirme que 27 personnes ont été tuées à Deraa, accuse le régime de Damas d'empêcher les manifestants blessés de se rendre dans les hôpitaux et les équipes de secours de prodiguer des soins dans deux villes.
"Les autorités syriennes répondent à ceux qui manifestent contre la répression par plus de répression: assassinats, vagues d'arrestations, violences physiques et tortures", a déclaré Sarah Leah Whitson, une responsable de l'ONG.