Le président djiboutien sortant Ismaïl Omar Guelleh part favori de l'élection présidentielle qui a lieu ce vendredi dans l'ancienne colonie française de la Corne de l'Afrique. 152 000 électeurs sont appelés aux urnes.
AFP - Les Djiboutiens votaient vendredi pour élire leur président, le chef de l'État sortant Ismaïl Omar Guelleh, au pouvoir depuis 1999, partant ultra-favori devant un unique adversaire, le candidat indépendant Mohamed Warsama Ragueh.
Peu après 7 h (4 h GMT), les premiers électeurs avaient déjà glissé leur bulletin dans l'urne dans le bureau de l'école primaire d'Ambouli 1, dans le quartier Djebel, ainsi que dans un autre bureau de vote attenant à la préfecture, dans le centre-ville de la capitale.
Près de 152 000 électeurs sont appelés aux urnes dans cette ancienne colonie française bénéficiant d'une position stratégique hors pair à l'entrée de la mer Rouge. Les résultats du scrutin, qui se termine à 18 h (15 h GMT), devraient être connus dans la nuit de vendredi à samedi.
Au pouvoir depuis 1999, M. Guelleh peut briguer un troisième mandat grâce à une révision constitutionnelle adoptée par un Parlement entièrement acquis à sa cause en 2010.
Devant la presse jeudi à Djibouti, il a promis qu'en cas de victoire, il ne se représenterait pas : "Non, c'est terminé, c'est ma dernière course".
Vendredi matin, peu après avoir voté, M. Guelleh s'est dit "confiant et serein": "Je pense avoir travaillé pour le peuple, la démocratie et le développement de mon pays. Je pense que le peuple m'a compris et j'espère avoir des résultats à la hauteur de mes ambitions".
Plusieurs missions d'observation électorale étaient à pied d'oeuvre vendredi: l'Union africaine (UA), l'Autorité intergouvernementale pour le développement (Igad-six pays d'Afrique de l'Est), l'Organisation de la conférence islamique (OCI). Plusieurs ambassades (Japon, France, Etats-Unis notamment) ont mis des moyens en commun pour suivre le déroulement du scrutin.
"La France est vigilante, à Djibouti comme partout ailleurs, au respect des droits fondamentaux, et en particulier à la liberté d’expression", avait souligné jeudi le ministère français des Affaires étrangères.
L'issue du scrutin de vendredi ne fait de doute pour personne, surtout pas pour les électeurs djiboutiens.
"On sait qui va gagner. La seule question, c'est de voir si l'autre candidat (Warsama) va faire un score honorable. S'il fait 1% ou 2%, il est fini. S'il fait 20-25%, alors il a un avenir politique", expliquait ainsi Mohamed, 56 ans, arborant sur son petit doigt la tache d'encre indélébile des électeurs ayant voté.
"Je n'ai voté pour personne. Je ne vois pas pourquoi je voterais pour Warsama, dont le programme ne me convainc pas, et encore moins pour Guelleh, qui doit partir. Franchement, je n'appelle pas ça une élection", s'emportait de son côté Abdillahi, 40 ans.
Ce scrutin intervient près de deux mois après les manifestations de rue les plus importantes depuis l'Indépendance. Le 18 février, plusieurs milliers de peronnes appellaient au départ de M. Guelleh. Deux personnes ont été tuées selon un bilan officiel.
Pour ce troisième mandat annoncé, M. Guelleh a promis la construction d'une nouvelle voie ferrée entre Djibouti et l'Ethiopie et s'est engagé à diminuer le coût de la vie, particulièrement élevé à Djibouti.
Sur la scène internationale, le chef de l'Etat sortant a su tirer profit depuis son arrivée au pouvoir de la situation stratégique de son pays: après les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis, Djibouti est devenu la pièce maîtresse de la lutte antiterroriste des Américains dans la Corne de l'Afrique et joue désormais un rôle majeur dans la lutte contre la piraterie somalienne dans l'océan Indien.
Djibouti abrite ainsi la plus importante base militaire française à l'étranger, l'unique base américaine en Afrique et bientôt une base japonaise. Ces bases contribuent à l'économie du pays qui repose essentiellement sur le trafic portuaire, notamment à destination du géant éthiopien enclavé.