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Chacun veut son WikiLeaks

Le célèbre site WikiLeaks n'est désormais plus seul sur le créneau de la diffusion de documents confidentiels. De nombreux projets voient le jour se réclamant de l'héritage de l'illustre aîné qui peine actuellement à survivre.

WikiLeaks traverse une zone de fortes turbulences depuis la publication des câbles diplomatiques en janvier. Julian Assange, son porte-parole est sous le coup de poursuites judiciaires en Grande-Bretagne et l’organisation est dans le collimateur de l’administration Obama. Mais leur message – rendre public sur l’Internet des documents que certains voudraient garder confidentiels – se portent bien. Des clones du site original se multiplient. Tous assurent avoir mis en place un moyen sécurisé pour la transmission anonyme de documents sensibles.

L’héritage est parfois assumé à 100 %. Parmi la petite dizaine de sites qui a vu le jour depuis décembre dernier, certains poussent le mimétisme jusqu’à calquer le fameux sablier qui sert de logo à WikiLeaks. Qu’ils s’appellent BrusselsLeaks, IsraeliLeaks, BalkanLeaks, ces sites se concentrent généralement sur un pays ou une zone géographique.

Plusieurs ont déjà rencontré un certain succès. Ainsi, IndoLeaks, qui couvre l’Indonésie, a réussi un joli coup en publiant des documents gouvernementaux sur le meurtre de Munir Said Thalib, un défenseur des droits de l’Homme indonésien. En une semaine, fin décembre, il avait enregistré un million de visites. Le petit frère russe de WikiLeaks, RuLeaks, a aussi fait parler de lui en publiant, début janvier, des photos des maisons de luxe du Premier ministre Vladimir Poutine.

D’autres tentent de prendre une certaine distance avec l’organisation de Julian Assange. Fer de lance de cette vague, OpenLeaks a été fondé par Daniel Domscheit-Berg, l’ancien porte-parole de WikiLeaks. Il est devenu l’un des plus vigoureux détracteurs de Julian Assange à qui il reproche, dans un livre, d’avoir détourné l’idéal de WikiLeaks pour en faire une organisation à sa gloire. OpenLeaks conserve le principe de la soumission anonyme et sécurisée de documents confidentiels mais, contrairement à WikiLeaks, ne publie pas les scoops lui-même. Le site met actuellement en place un réseau de publications "fiables".

But politique

Des médias dits traditionnels se positionnent également sur ce créneau. La démarche de WikiLeaks ne les satisfait pas entièrement et ils ne comptent pas lui laisser le monopole de ces scoops. En France, Mediapart, le site co-fondé par l’ancien rédacteur en chef du Monde, Edwy Plenel, a ainsi lancé FrenchLeaks le 10 mars. Un projet qui veut mélanger documents bruts obtenus par la rédaction de Mediapart et informations soumises anonymement par des internautes. Le New York Times planche également depuis janvier sur un WikiLeaks à sa sauce.

Un engouement pour cette "cyber-transparence" qui donne des idées à certains pour porter un combat plus politique. Karl Rove, un influent conseiller de l’ancien président républicain G. W. Bush, a lancé la semaine dernière Wikicountability, un projet censé déterrer les vilains petits secrets de l’administration Obama. Une initiative qui peut surprendre tant les conservateurs américains ont souvent critiqué WikiLeaks, l'accusant de mettre en péril la sécurité nationale des États-Unis. C’est pourquoi Karl Rove prend bien soin de présenter son projet comme un travail collaboratif à la sauce Wikipedia. Mais il a avoué au New York Times samedi que l’organisation de Julian Assange en avait été sa principale inspiration.

Enfin, il y a les projets plus farfelus tels que HaïkuLeaks qui a décidé de résumer les câbles diplomatiques américains publiés par WikiLeaks sous forme Haïku, ces poèmes japonais très courts. PornWikiLeaks se veut, de son côté, l’héritier trash de cette grande famille. Il a commencé, ce week-end, à mettre en ligne les vrais noms de tous les acteurs de l’industrie du X et promet de révéler lesquels sont porteurs d’une maladie sexuellement transmissible.

Crédit photo : Niels Geylen/Flickr