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Le riche Land allemand du Bade-Wurtemberg est passé dimanche aux mains d'une coalition SPD-Verts, à l'issue d'une élection régionale partielle. Pour la première fois dans l'histoire de l'Allemagne, les écologistes dirigeront une région.

REUTERS - Un ministre-président issu du parti des Verts devrait pour la toute première fois diriger un Land allemand, après l'éclatante percée du parti écologiste dimanche aux élections régionales du Bade-Wurtemberg, que la CDU gouvernait depuis 1953.

Les chrétiens-démocrates (CDU) restent le premier parti du Land, avec 39% selon les résultats définitifs, soit une baisse de cinq points par rapport aux 44,2% des précédentes élections régionales en 2006.

Mais avec leurs alliés du FDP, ils ne totalisent que 44,3% face à une gauche SPD-Verts qui les devancent avec 47,3%.

Les Libéraux du FDP ont vu leur score réduit de moitié par rapport à 2006, passant de 10,7% à seulement 5,3%, ce qui leur permet de justesse de siéger au parlement de Stuttgart.

Ce sont les Verts qui sont les grands vainqueurs de cette journée électorale, car avec 24,2%, ils font plus que doubler leur score de 2006 (11,7%) et ils passent devant le SPD, qui, avec 23,1%, recule de deux points par rapport aux 25,2% de 2006.

Le candidat tête de liste des Verts, Winfried Kretschmann, devait ainsi devenir le tout premier ministre-président écologiste d'un Land allemand, une révolution dans l'histoire de l'Allemagne.

"Nous allons initier un changement politique dans ce Land", a déclaré Kretschmann, âgé de 62 ans. Le tête de liste du SPD, Nils Schmid, a déclaré que les électeurs avaient donné un mandat clair aux sociaux-démocrates et aux Verts pour diriger le Bade-Wurtemberg. SPD et Verts ne disposeront cependant que d'une courte majorité, d'une seule voix, au Landtag de Stuttgart.

Cela n'en constitue pas moins une cinglante défaite pour la chancelière Angela Merkel. Ce nouveau revers électoral dans le Land le plus prospère du pays place Angela Merkel dans une position délicate. Le 20 février dernier, les conservateurs allemands avaient déjà perdu la cité-état de Hambourg. "C'est une défaite douloureuse", a concédé la ministre fédérale de l'Education Annette Schavan.

Outre-Rhin, des revers aux élections régionales peuvent avoir des conséquences nationales. En 2005, après avoir perdu le Land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, le chancelier social-démocrate Gerhard Schröder avait annoncé des élections législatives anticipées, et avait alors été battu.

La CDU paye ses errements

Dans un autre Land du sud-ouest de l'Allemagne, la Rhénanie-Palatinat, les sociaux-démocrates, qui dirigent la région depuis 17 ans, ont perdu dimanche leur majorité absolue mais ils vont pouvoir former une coalition confortable avec leurs alliés écologistes.

Le SPD enregistre une perte de près de 10 points par rapport aux précédentes régionales mais, avec 35,7%, il devance la CDU (35,2%). Avec le renfort des Verts, qui progressent fortement à 15,4%, ils auront une majorité au Landtag de Mayence.

Les chrétiens démocrates avaient fait du Bade-Wurtemberg, Land le plus riche d'Allemagne qui compte 11 millions d'habitants avec des villes comme Stuttgart, Mannheim, Karlsruhe et Heidelberg, un de leur fief électoral.

Mais l'hostilité de l'électorat envers l'énergie atomique et les critiques contre les hésitations d'Angela Merkel ont été des thèmes forts de la campagne dans une région où les Verts avaient déjà le vent en poupe depuis plusieurs mois, car ils ont pris la tête de l'opposition à un projet de nouvelle grande gare au coeur de Stuttgart, capitale du Land.

Une série de grandes manifestations ont eu lieu contre ce projet l'an dernier dans cette ville.

Mais surtout, la CDU semble payer ses errements sur le dossier du nucléaire. Samedi, plus de 200.000 personnes ont défilé dans les grandes villes du pays en réclamant la fermeture définitive de l'ensemble des centrales nucléaires allemandes. Après avoir tout
d'abord prolongé la durée de vie des 17 centrales du pays, le gouvernement fédéral a décidé la fermeture immédiate de sept des plus anciennes, dans la foulée des accidents survenus au Japon à la centrale de Fukushima-Daiichi.

Au delà du nucléaire, les revirements politiques d'Angela Merkel sur la Libye ou encore sur la crise de la dette dans la zone euro ont également transformé ces élections régionales en un référendum sur la politique que la chancelière mène depuis un an et demi avec les libéraux du FDP.

Trois autres élections régionales auront lieu cette année en Allemagne : le 22 mai dans la cité-Etat de Brême, le 4 septembre dans le Mecklenbourg-Poméranie occidentale et le 18 septembre à Berlin.