La police a délogé les jeunes manifestants installés depuis jeudi sur une place d'Amman au prix de violents affrontements qui ont fait plus de 100 blessés et un mort, selon un bilan provisoire.
AFP - De violents heurts ont opposé à Amman des partisans du régime à des manifestants réclamant des réformes faisant plus de 100 blessés, poussant la police à intervenir à coups de canon à eau et à démonter le camp installé par les protestataires dans le centre de la capitale.
Il s'agit du premier affrontement entre les forces de l'ordre et des manifestants en Jordanie, où les mouvements de protestation se poursuivent depuis trois mois.
Une source médicale a fait état à l'AFP de "plus de cent blessés, dont des policiers".
A l'hôpital Amal, jouxtant la place où avaient campé les "jeunes du 24 mars", "cinq blessés ont été admis dont deux dans un état grave", a déclaré une source médicale dans cet hôpital.
"Un d'entre eux a une blessure profonde au crâne, l'état de l'autre est encore plus sérieux et a nécessité son transfert à un hôpital spécialisé", a ajouté cette source.
Le camp des manifestants pro-démocratie n'aura tenu qu'une journée
Les "jeunes du 24 mars", un groupe rassemblant différentes tendances y compris des islamistes, campaient depuis jeudi pour réclamer des réformes. Des loyalistes les ont attaqués une première fois dans la nuit à coups de pierre faisant une trentaine de blessés.
"La police anti-émeute a été déployée pour tenter de contrôler la situation. Elle a démonté le camp et opéré plusieurs arrestations parmi les jeunes", a indiqué à l'AFP une source sécuritaire.
Les tentes et tout le matériel ont été montés sur des bus de la police et il ne restait plus de trace du camp à 17H45 (15H45 GMT), a constaté une journaliste de l'AFP. Les jeunes étaient aussi partis.
La gendarmerie était auparavant entrée en action pour disperser les manifestants des deux bords, en utilisant des canons à eau.
Selon des témoins, les loyalistes faisaient partie de milliers de partisans du régime qui avaient manifesté vendredi dans un parc à Amman en faveur du régime.
Après le démontage du camp, les loyalistes étaient toujours aux alentours de la place, scandant des slogans à la gloire du roi Abdallah, sans être ennuyés par les forces de l'ordre.
"Le but des autorités était de faire partir ce groupe de jeunes qui rappelle trop les manifestants de Tunisie, Egypte ou Bahreïn", a déclaré à l'AFP un analyste politique qui a requis l'anonymat.
La Jordanie attend toujours les réformes promises en 2005
"Notre rassemblement est pacifique mais cela ne nous a pas empêché d'être la cible d'attaques. Le roi accepte-t-il de telles actions? Nous sommes des citoyens et nous avons le droit de nous exprimer", a affirmé Reda Darwiche, un étudiant.
"Le peuple veut des réformes du régime", "nous voulons le jugement des symboles de la corruption", "la révolution éclate autour de nous, Jordanie ton tour va venir", avaient scandé les jeunes au cours e leur rassemblement jeudi.
Le dialogue national lancé en Jordanie, peine à progresser, la puissante opposition islamiste ayant refusé de s'y joindre, alors que des analystes mettent en garde contre un risque d'explosion.
"Tout cela n'augure rien de bon, la commission patauge et elle a clairement les mains liées par un ordre du jour limité", avait affirmé jeudi à l'AFP un ancien ministre.
"Le sentiment dans la rue est que tout cela est une perte de temps, surtout que la Jordanie avait élaboré en 2005 un "Agenda National", large programme de réformes qui s'est penché sur toutes ces questions, mais dont les recommandations n'ont jamais été appliquées", a rappelé l'ancien ministre s'exprimant sous couvert de l'anonymat.