Le Premier ministre portugais, le socialiste José Socrates, joue gros mercredi devant le Parlement, où les députés doivent se prononcer sur un plan d'austérité. En cas de vote contraire, le gouvernement pourrait démissionner.
AFP - L'opposition portugaise, majoritaire au Parlement, devrait confirmer mercredi son rejet du nouveau programme d'austérité du Premier ministre socialiste José Socrates, le poussant à la démission au risque de précipiter un appel à l'aide financière internationale.
"Jour J: Socrates démissionne", le titre revient mercredi à la une de plusieurs journaux, unanimes à anticiper la chute du gouvernement minoritaire, à la veille du sommet de Bruxelles qui doit parachever la réponse européenne à la crise de la dette dont le Portugal pourrait être, après la Grèce et l'Irlande, la prochaine victime.
Le débat sur le nouveau "programme de stabilité et croissance" (PEC) proposé par le gouvernement doit débuter à 15H00 (locales et GMT), le vote étant prévu à partir de 18H00.
Le texte en lui-même, dont la version finale doit être remise fin avril à Bruxelles, n'a pas à être approuvé par le Parlement.
Il fera toutefois l'objet de plusieurs "résolutions", déposées par toute l'opposition, qui dénonce ce quatrième plan d'austérité en moins d'un an et surtout la méthode du gouvernement, qui s'est engagé auprès des institutions européennes, sans aucune concertation interne préalable.
Mardi soir, le Parti social-démocrate (PSD, centre droit), principale force d'opposition, a appelé à voter contre le PEC "au nom de l'intérêt national" jugeant que seul un départ du Premier ministre et l'élection d'un nouveau gouvernement permettrait au Portugal de récupérer sa "crédibilité" et la "confiance" de ses partenaires européens comme des marchés financiers.
En cas de rejet, M. Socrates, qui ne peut compter que sur l'appui de 97 députés socialistes sur 230, a annoncé qu'il démissionnerait, non sans promettre d'être candidat aux élections anticipées qui pourraient être fixées fin mai ou début juin.
Selon les scénarios privilégiés par les commentateurs, le chef du gouvernement pourrait remettre sa démission dès mercredi au président de centre droit Anibal Cavaco Silva qu'il doit rencontrer à 19H00, ou préférer attendre la fin du sommet européen vendredi.
En tout état de cause, deux semaines après avoir été applaudi à Bruxelles pour un programme censé lui éviter l'humiliation d'un sauvetage financier tout en contribuant à la stabilisation de la zone euro, M. Socrates devrait se présenter jeudi les mains vides devant ses pairs.
Lisbonne pourrait alors être mis sous pression pour faire finalement appel à une aide extérieure afin de garantir le remboursement de quelque 9 milliards d'euros de dette due d'ici au 15 juin.
Selon les analystes, les marchés ont déjà "largement anticipé la chute du gouvernement". Les agences de notation Fitch et Moody's ont toutefois insisté sur le fait que des élections anticipées n'aggraveraient pas la "perception du risque" d'insolvabilité du Portugal, à condition que le futur gouvernement respecte les engagements pris en matière de rééquilibrage des comptes publics et de réformes.
Ces derniers jours, Pedro Passos Coelho, leader du PSD et futur Premier ministre pressenti, a multiplié les gages à cet égard. Se disant prêt à "collaborer avec le FMI et l'UE" dans le cadre d'un programme d'aide, il s'est "solennellement" engagé à réduire les déficits comme prévu et à accélérer les réformes structurelles qu'il réclame depuis des mois.
Pour y parvenir, il s'est dit favorable à la mise en place d'un "gouvernement de majorité élargie", seul à même, selon lui, d'imposer aux Portugais de nouveaux "sacrifices" alors que la récession, prévue cette année, devrait aggraver le chômage, qu'un tiers de la population active est réduite aux contrats précaires et que les coupes dans les aides sociales ont déjà jeté des dizaines de milliers de personnes dans la misère.