Les résultats du premier tour des élections cantonales sont marqués par une forte absention (55,6%) et une nette progression du parti de Marine le Pen qui récolte plus de 15%. Le Parti socialiste obtient 25% des suffrages, et l'UMP 17%.
AFP - Le premier tour des cantonales, dernier scrutin au suffrage universel avant les grands rendez-vous électoraux de 2012, a été marqué dimanche par une forte poussée du FN, qui talonne l'UMP, grand perdant, et une progression de la gauche, sur fond d'abstention record.
Le second tour donnera lieu, selon une comptabilisation effectuée par l'AFP en France métropolitaine, à 394 duels, en majorité face au PS (204), mais aussi face à l'UMP (89), au PCF (37) ou d'autres candidats, de gauche ou de droite. Il y aura également 5 triangulaires UMP-PS-FN.
Le parti de Marine Le Pen, arrivé en tête dans 39 cantons, s'est qualifié dans le quart des cantons encore à pourvoir dimanche prochain. Dans le propre fief du patron de l'UMP, Jean-François Copé, le parti présidentiel est devancé par le FN.
Sur près de 99% des bulletins dépouillés, le PS obtient 25,04% des voix, l'UMP 17,07%, le FN 15,18%, le Front de gauche plus de 9% et Europe Ecologie-Les Verts 8,28%, selon le ministère de l'Intérieur.
Le ministre Claude Guéant a crédité la "majorité présidentielle" de 32,5%, via une addition de voix à droite qui a indigné FN et PS.
Le taux définitif d'abstention se situe à 55,6%, un record pour ce type de scrutin.
Mme Le Pen a salué un succès "historique" pour son parti, presque au coude-à-coude avec l'UMP, étiquette à laquelle de nombreux candidats de la majorité ont préféré celle de divers droite en raison de l'impopularité de Nicolas Sarkozy.
Le FN, qui n'avait aucun conseiller général, est amené à remplacer l'UMP dans le paysage politique, a prédit le compagnon de Mme Le Pen, Louis Aliot.
Cette percée du parti d'extrême droite confirme les sondages récents faisant de Mme Le Pen une possible finaliste de la présidentielle. Le positionnement des uns et des autres par rapport au FN a d'ailleurs alimenté tous les commentaires.
"Nous laissons nos électeurs libres de leur choix" quand l'UMP est absente au second tour, a lancé Jean-François Copé, refusant le vote FN comme le front républicain.
Une prise de position dénoncée par la gauche, qui y voit "une ambiguïté coupable", comme David Assouline (PS). Même tonalité du côté du MoDem: "La position de l'UMP est irresponsable, il faut voter pour le candidat qui est contre le FN", a déclaré son porte-parole Yann Wehrling.
Dans la majorité aussi, la position officielle de l'UMP fait tiquer et promet d'âpres débats. Le président du Parti radical, Jean-Louis Borloo, a ainsi appelé à "faire barrage au FN".
La ministre Valérie Pécresse a affirmé que "personnellement", en cas de duel avec le FN, elle voterait pour la gauche.
La numéro un du PS Martine Aubry a accusé de nouveau le président Sarkozy d'"abîmer la République" et d'être "pour beaucoup dans le score du Front national". A l'issue d'une réunion avec Cécile Duflot (EELV) et Pierre Laurent (PCF), les trois leaders ont appelé ensemble au rassemblement.
Mme Duflot a aussi appelé à "faire barrage au FN" partout où il sera présent. "L'UMP s'est pris une raclée et le FN lui a fait les poches", a ironisé Jean-Luc Mélenchon (Parti de gauche).
Rare voix discordante à droite, Claude Goasguen (UMP) a vu dans ce résultat "un avertissement" lancé à son parti "et à Nicolas Sarkozy", alors que, dans la majorité, le mot d'ordre était clair: relativiser la portée nationale du scrutin et appeler à la mobilisation.
Côté résultats, l'ancienne "première dame" Bernadette Chirac a été réélue à une voix près au premier tour en Corrèze. Michel Mercier, seul ministre en lice, a été réélu dans le Rhône.
Sur le plan départemental, la droite semble en difficulté dans le Jura. Le suspense demeure dans les Pyrénées-Atlantiques et la Charente-Maritime, autres départements pouvant tomber dans l'escarcelle de la gauche, qui en contrôle déjà 58.