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Ces nations qui ont préféré s'abstenir lors du vote à l'ONU

Sur les 15 États appelés à voter la résolution de l'ONU autorisant le recours à la force en Libye, seuls l'Allemagne, le Brésil, la Chine, l'Inde et la Russie se sont abstenus. La presse des pays en question analyse ce choix.

C’est le nouveau club des cinq. Sur les 15 États appelés à voter, jeudi, la résolution des Nations unies consacrant le principe d’une intervention militaire en Libye, seuls l’Allemagne, la Russie, la Chine, l'Inde et le Brésil se sont abstenus.

Un refus de suivre la position majoritaire des membres permanents et non permanents du Conseil de sécurité qui a largement été relayé par la presse de ces pays... à l’exception notable de la Chine. Tour d'horizon des éditoriaux parus chez les abstentionnistes...

En Chine...

De fait, dans l'ancien empire du Milieu, les journaux se sont contentés de reprendre les réactions officielles du gouvernement. "Nous nous opposons à l’utilisation de la force dans les relations internationales et avons de sérieuses réserves sur la résolution", pouvait-on ainsi lire dans les colonnes des journaux chinois citant Jiang Yu, le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.

Pour le quotidien chinois en langue anglaise "People’s Daily", l’abstention, plutôt que le veto, démontre toutefois que Pékin a souhaité "soutenir la position du Conseil de sécurité afin de trouver des mesures efficaces pour faire cesser la violence en Libye".

En Russie...

Cette réticence à l’égard de toute intervention militaire internationale se retrouve également dans la presse russe. Dans un long éditorial, le site Internet de la chaîne d'information Russia Today s’interroge sur les avantages et les inconvénients de l’instauration d’une "zone d’exclusion aérienne".

Tout en reconnaissant l’urgence humanitaire en Libye, l’article cite un expert russe qui qualifie l'opération militaire internationale à venir de "'Blitzkrieg' contre un État souverain". La version russe du site de la radio Radio Free Europe explique également que "tout le monde est d’accord sur le fait que Mouammar Kadhafi doit partir mais l'intervention internationale doit se garder d'être excessive".

En Inde...

Le magazine anglophone online "Outlook" est l’un des rares titres à critiquer la décision indienne qu’il qualifie de "position sans courage". Pour le magazine, l’Inde - au même titre que le Brésil - a prouvé, jeudi, qu’elle n’était pas encore prête à jouer un rôle de premier plan dans le concert des nations.

Le journal regrette que New Delhi et Brasilia n’aient pas "saisi l’occasion de donner tort aux États qui estiment que les nouveaux pays émergents ne peuvent pas encore être membres permanents du Conseil de sécurité".

En Allemagne...

De son côté, la presse allemande se garde de justifier la décision de Berlin de s'abstenir. Le quotidien de gauche, la "Sueddeutsche Zeitung", se fait fort de pointer le paradoxe apparent dans la position allemande : "Nous sommes contre Kadhafi, mais aussi contre le fait de le chasser du pouvoir". Pour le journal, ce grand écart reflète la réalité de la politique intérieure allemande : "Une écrasante majorité des Allemands sont réticents et les principaux partis au Parlement sont contre".

Même son de cloche au quotidien conservateur "Frankfurter Allgemeine" : "Guido Westerwelle [ministre allemand des Affaires étrangères] ne doit pas seulement regarder en direction de Benghazi, Washington ou Paris mais aussi vers les villes de Magdeburg et Mainz". Et le journal de conclure : "Dans cette histoire, il n’y a pas que les dirigeants français qui agissent en pensant d’abord aux élections".