logo

Les insurgés célèbrent la résolution votée au Conseil de sécurité de l'ONU

À Benghazi, les rebelles ont fêté l'adoption par le Conseil de sécurité de l'ONU d'une résolution autorisant le recours à la force contre le régime de Kadhafi. Tripoli s'est dit prête à un cessez-le-feu, sous conditions.

AFP - Le Conseil de sécurité de l'ONU a autorisé dans la nuit de jeudi à vendredi le recours à la force contre le régime de Mouammar Kadhafi, mesure aussitôt saluée par des insurgés libyens sous la menace d'un assaut contre leur fief de Benghazi (est).

Après l'adoption de la résolution, le vice-ministre des Affaires étrangères libyen Khaled Kaaim a indiqué que son pays était prêt à un cessez-le-feu sous condition tout en estimant que la décision de l'ONU menaçait son unité.

it

A Benghazi, "capitale" des rebelles à un millier de km à l'est de Tripoli, la décision de l'ONU a été célébrée par des tirs de joie et des coups de klaxons, selon des journalistes de l'AFP.

"J'ai vu l'annonce du vote sur Al Jazira, c'est le plus beau jour de ma vie, tous les citoyens sont heureux", a lancé aux journalistes Marij Bourahim, 42 ans. Des centaines de personnes se sont rassemblées devant le siège du Conseil national de transition, l'instance dirigeante mise en place par les insurgés, pour saluer la résolution.

Jeudi soir, le Conseil de sécurité de l'ONU a voté en faveur d'un recours à la force contre les troupes pro-Kadhafi, ouvrant la voie à des frappes aériennes après plus d'un mois d'une insurrection contre le régime autoritaire de Mouammar Kadhafi, réprimée dans le sang.

La résolution autorise "toutes les mesures nécessaires" pour protéger les civils et imposer un cessez-le-feu à l'armée libyenne. Elle prévoit aussi une zone d'exclusion aérienne pour empêcher l'aviation du colonel Kadhafi de pilonner ses opposants.

Le texte a été adopté par 10 voix sur les 15 membres du Conseil de sécurité. La Chine, la Russie, l'Allemagne, le Brésil et l'Inde se sont abstenus.

Le ministre allemand des Affaires étrangères Guido Westerwelle a prévenu qu'aucun soldat allemand ne participera à une intervention militaire en Libye, qui comporte des "risques et des dangers considérables".

it
ALAIN JUPPé : "Il faut agir vite"
Les insurgés célèbrent la résolution votée au Conseil de sécurité de l'ONU

A contrario, le gouvernement australien s'est félicité du vote du Conseil de sécurité. Le Premier ministre italien Silvio Berlusconi s'est lui entretenu dans la nuit avec le ministre de la Défense, Ignazio La Russa, le président de la République Giorgio Napolitano, et de hauts responsables militaires, selon les médias italiens.

Le Canada va de son côté fournir six avions de chasse CF-18 pour la mise en oeuvre de la résolution, selon des médias canadiens.

Auparavant, le leader libyen avait annoncé que les forces gouvernementales allaient attaquer dans la soirée de jeudi Benghazi dans un message sonore retransmis par la télévision libyenne.

Mais plus tard dans la nuit, CNN a affirmé avoir reçu un appel d'un des fils de Kadhafi, Seif Al-Islam, selon lequel le colonel aurait changé de tactique pour des raisons humanitaires et ne prévoyait plus d'entrer dans la ville de Benghazi dans l'immédiat mais de prendre position autour.

Le président américain Barack Obama a lui appelé jeudi soir le président français Nicolas Sarkozy et le Premier ministre britannique David Cameron pour coordonner une stratégie sur la Libye après la résolution, selon un communiqué de la présidence américaine.

L'Union européenne a salué la décision de l'ONU et s'est dite prête à la "mettre en oeuvre", dans la limite de ses compétences. Au niveau de l'Otan, les représentants des 28 pays membres examineront vendredi les conséquences de cette résolution, selon un diplomate de l'Otan.

Alors que Mouammar Kadhafi avait annoncé plus tôt un assaut contre Benghazi, le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, a averti qu'il n'y avait plus beaucoup de temps pour intervenir. "C'est peut-être une question d'heures", a-t-il dit.

it
Le vice-ministre libyen des Affaires étrangères, Khaled Kaaim
Les insurgés célèbrent la résolution votée au Conseil de sécurité de l'ONU

Un porte-parole du ministère libyen de la Défense cité par l'agence officielle Jana avait auparavant indiqué que toute opération militaire étrangère allait "exposer tout le trafic aérien et maritime en Méditerranée au danger". "Tout élément mobile civil ou militaire sera la cible d'une contre-offensive libyenne", a-t-il ajouté.

Sur le terrain, les forces loyales au colonel Kadhafi ont poursuivi ces derniers jours leur reconquête de l'Est. Elles ont tenté jeudi de bombarder des positions de la rébellion à Benghazi, ont indiqué les insurgés qui affirment avoir abattu deux avions.

Il n'était pas possible dans l'immédiat de confirmer ces informations de source indépendante, alors que les forces du régime ont réussi à reprendre plusieurs villes ces derniers jours à coups de raids aériens et terrestres.

La télévision libyenne a affirmé que les forces gouvernementales s'étaient emparées de Misrata (200 km à l'est de Tripoli), mais un porte-parole de l'opposition a démenti.

it

De violents combats avec les rebelles y avaient fait au moins 22 morts mercredi, selon la rébellion.

Par ailleurs, la ville de Zuwaytinah (150 km au sud de Benghazi) est "contrôlée par les forces armées qui sont aux portes de Benghazi", a indiqué la télévision d'Etat.

Mercredi, les troupes du régime avaient affirmé avoir repris Ajdabiya, dernier verrou des rebelles à 160 km au sud de Benghazi. Dans l'Ouest, les rebelles se préparaient jeudi à une offensive des forces gouvernementales à Zenten (145 km au sud-ouest de Tripoli), selon un témoin.

Alors que la révolte, qui a débuté le 15 février, s'est transformée en guerre civile au prix de centaines de morts, près de 300.000 personnes ont fui le pays depuis le 15 février. La Croix-Rouge internationale a retiré son personnel de Benghazi, disant être "extrêmement inquiète de ce qui arrivera aux civils".