Tandis que le Conseil de sécurité de l'ONU s'apprête à voter le projet de résolution d'une zone d'exclusion aérienne au-dessus de la Libye, Mouammar Kadhafi promet une "bataille décisive" pour la reconquête la troisième ville du pays.
AFP - Les troupes de Mouammar Kadhafi ont continué à pilonner les insurgés mercredi à l'Ouest et l'Est de la Libye, alors que le Conseil de sécurité s'est mis d'accord sur un projet de résolution prévoyant une zone d'exclusion aérienne au-dessus du pays, qui sera soumis au vote jeudi.
"Un projet de résolution a été mis au point... Mais cela ne veut pas dire qu'il est gravé dans le marbre", a souligné un diplomate onusien selon lequel les 15 pays membres peuvent encore modifier le texte.
L'ambassadrice américaine à l'ONU, Susan Rice, a estimé que le Conseil de sécurité de l'ONU devrait envisager "d'aller au delà d'une simple zone d'exclusion aérienne".
Le colonel Kadhafi prépare un "vrai génocide" en Libye, avait averti auparavant l'ambassadeur adjoint libyen à l'ONU, Ibrahim Dabbachi, qui a fait défection au régime, appelant à une intervention rapide de la communauté internationale, qui tergiversait depuis plusieurs jours.
Mercredi soir, Mouammar Kadhafi a annoncé que ses forces allaient livrer jeudi "une bataille décisive" pour conquérir Misrata, troisième ville du pays, à 150 km à l'est de Tripoli, dont les insurgés ont affirmé être toujours maîtres, malgré une offensive des pro-Kadhafi qui a fait, selon eux, au moins quatre morts et une dizaine de blessés.
"La bataille a commencé aujourd'hui à Misrata et demain ça sera la bataille décisive", a déclaré le dirigeant libyen, selon des images diffusées par la télévision nationale.
Kadhafi a exclu par ailleurs de "dialoguer" avec les rebelles qu'il a assimilé à des agents d'Al-Qaïda, dans une interview publiée par le quotidien français Le Figaro jeudi, et estimé que le Conseil national de transition (CNT), mis en place par les opposants à Benghazi, "n'a aucune valeur".
Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a exigé l'arrêt des violences et averti que "tuer des gens innocents et désarmés est un crime contre l'humanité" dont les responsables auront à répondre devant la justice.
Après avoir réussi à reprendre plusieurs villes dans les derniers jours, les loyalistes ont bombardé par air et terre Ajdabiya, dernier verrou des rebelles à 160 km au sud de leur fief de Benghazi dans l'Est, selon des témoins. Au moins 26 personnes y ont été tuées depuis mardi, a dit un médecin.
"Les combats étaient terrifiants", a raconté le docteur Abdelkarim Mohammad, joint par téléphone, précisant que l'hôpital avait reçu 22 morts mardi, essentiellement des civils, et quatre insurgés mercredi.
L'hôpital lui-même a été touché par un obus et une partie du personnel a été évacuée vers Benghazi, selon un autre médecin. Mais les partisans de Kadhafi contrôlaient mercredi la route entre les deux villes.
Dans la soirée, la télévision d'Etat a assuré que la ville était "purgée" des rebelles.
"Ils pratiquent la politique de la terre brûlée", a dénoncé Jamal Mansour, commandant des rebelles dans la ville, "les chars bombardent de manière intense et soutenue, et plus tôt il y a eu des raids aériens".
Après un mois d'une révolte qui s'est transformée en guerre civile, M. Kadhafi, qui refuse de quitter le pouvoir après plus de quatre décennies de règne sans partage, avait juré mardi d'"écraser les ennemis", tandis que l'un de ses fils, Seïf al-Islam, promettait: "dans 48 heures, tout sera fini".
La Maison Blanche a appelé les autorités libyennes à protéger les journalistes, quatre reporters du New York Times étant portés disparus dans le pays, probablement enlevés par des fidèles de M. Kadhafi.
Face à la percée des troupes loyalistes, un flot sans cesse grandissant de Libyens, entassés par familles entières dans des voitures ployant sous les bagages, se pressait à la frontière égyptienne.
Les forces régulières ont aussi attaqué à l'arme lourde la localité de Zenten, à 145 km au sud-ouest de Tripoli, selon un témoin joint par téléphone. "Il y a des tirs de chars à quelques kilomètres au sud de la ville et des tirs de missiles Grad, ainsi que des accrochages à l'arme légère", a-t-il indiqué.
L'Organisation de la conférence islamique, qui regroupe 57 membres comptant plus d'un milliard de musulmans, a annoncé la tenue samedi d'une réunion urgente sur la Libye.