Après le traumatisme engendré par l’échec de la NASL, l’Amérique du Nord a mis près d’une décennie à développer à nouveau une ligue professionnelle de soccer. Mais quinze ans après sa création, la MLS ne parvient toujours pas à convaincre l’Europe.
Au milieu des années 1980, l’échec de la North American Soccer League (NASL) refroidit considérablement les investisseurs américains mais permet à la Fifa de prendre conscience du potentiel du marché nord-américain.
Le 4 juillet 1988, l'officialisation du choix des États-Unis pour l'organisation de la Coupe du monde 1994 lui offre l'opportunité qu'elle attend. Si la Fédération américaine de soccer souhaite conserver la compétition reine du football, il faut qu'elle se dote auparavant d'un championnat national crédible aux yeux de l'étranger.
Cinq ans plus tard, en 1993, Alan Rothenberg, l'ex-propriétaire des Los Angeles Aztec - symbole de la folie des grandeurs de la NASL à travers l’acquisition de joueurs aux salaires exorbitants - va dessiner les contours de la future ligue nord-américaine de football, la Major League Soccer (MLS).
La Fifa impose l’existence de la Fédération états-unienne de football (USSF) comme préalable à l’organisation d’une Coupe du monde dans le pays. Rothenberg, qui a organisé les épreuves de football des Jeux olympiques de Los Angeles en 1984, accède à la présidence de la structure. Et va faire du Mondial-1994 un véritable succès populaire et commercial.
Une crédibilité érodée par le passé
Le pari de mettre sur pied une ligue américaine de soccer était d’autant plus osé à relever que les cendres encore fumantes de la défunte NASL avaient clairement refroidi les investisseurs et qu'un second échec aurait sans doute gelé pour longtemps l'avenir footballistique du continent.
À l'époque en effet, L’Amérique du Nord est le dernier continent qui semble résister à la fièvre du football. Vue d’Europe, la tentative ratée de la NASL a fini de prouver que le soccer était insoluble dans la culture sportive nord-américaine. De l’extérieur, l'Amérique du Nord passe également, avant tout, pour le territoire du sport business et des paillettes.
Grâce au succès de la Coupe du monde 1994 toutefois, la MLS se développe, année après année, à l’abri des regards. Et, progressivement, le jeu qui y est développé est à l’image de sa santé financière : solidement campé sur ses bases, sans grande folie mais sans faiblesse majeure. Le public, d'ailleurs, ne s’y trompe pas : en 2010, l’affluence moyenne aux matchs de la MLS a flirté avec les 17 000 spectateurs. À titre de comparaison, la Ligue 1 française, sur la même période, dépassait péniblement les 20 000...
Aujourd'hui encore pourtant, la MLS ne parvient pas à jouir d'une image positive sur le Vieux Continent. Quinze après sa création, la compétition y est considérée, au mieux, comme une "maison de retraite pour gloires vieillissantes" du foot européen, après que plusieurs d'entre elles ont décidé de venir finir leur carrière outre-atlantique. Le Colombien Carlos Valderama et l'Italien Roberto Donadoni avaient ouvert la voie dès 1996, imités plus récemment par le Britannique David Beckham et le Français Thierry Henry. Un stéréotype auquel la NASL n’a jamais pu - ni jamais vraiment voulu... - échapper...