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"La question de l'immunité sera tranchée par le tribunal", a jugé la Haute cour de justice de Lahore au sujet de Raymond Davis, un employé de la CIA de l'ambassade américaine pakistanaise mis en cause pour un double meurtre présumé.
AFP - Une juridiction d'appel au Pakistan a laissé lundi le soin de décider de l'éventuel statut de diplomate d'un Américain travaillant pour la CIA à un simple tribunal qui avait déjà exclu toute immunité diplomatique et doit le juger pour double meurtre.
Ce nouvel atermoiement est de nature à compliquer davantage une affaire très sensible qui paralyse pour l'heure les relations entre Washington et son allié-clé pakistanais.
Cete décision intervient au moment où les drones de la CIA tirent quotidiennement sur les talibans et Al-Qaïda dans le nord-ouest d'un pays où une grande majorité de l'opinion publique, anti-américaine, réclame que l'"espion américain" soit jugé, et même pendu.
Le 27 janvier, en plein jour à Lahore (est), Raymond Davis avait tué de plusieurs balles, dont certaines dans le dos, deux jeunes Pakistanais dont il assure qu'ils s'apprêtaient à le détrousser.
Les Etats-Unis --le président Barack Obama en personne-- avaient assuré qu'il travaillait pour leur ambassade et disposait d'un passeport diplomatique qui lui assurait l'immunité, mais le gouvernement pakistanais, sous la pression de manifestations de rue quasi-quotidiennes, n'a jamais clairement confirmé ou démenti.
"La question de l'immunité sera tranchée par le tribunal", a déclaré lundi devant la Haute cour de justice de Lahore le juge Ijaz Ahmed Chaudhry, qui préside cette juridiction d'appel.
Or, le tribunal d'instance de Lahore, devant lequel les enquêteurs accusent Davis de "double-meurtre commis de sang-froid", a rejeté lors de précédentes audiences l'immunité diplomatique dont se prévaut l'Américain, mais ajourné à plusieurs reprises son procès.
Naveed Inyat Malik, le procureur général adjoint, a déclaré lundi devant la Haute cour de Lahore que le gouvernement n'a pas fourni d'éléments "clairs" permettant de statuer sur l'immunité diplomatique de Davis, indiquant seulement qu'il était "entré au Pakistan avec un visa d'affaires officiel sur la demande du gouvernement des Etats-Unis".
Une nouvelle audience est prévue le 16 mars devant le tribunal d'instance et ce dernier doit signifier officiellement les actes d'accusations à Raymond Davis, selon le parquet.
Selon les avocats des familles des deux victimes, lors de la dernière audience, le 3 mars, le tribunal avait "jugé que Davis n'avait pu fournir de documents démontrant qu'il était couvert par l'immunité diplomatique".
Les Etats-Unis, principaux bailleurs de fonds du Pakistan, considèrent que les principaux cadres d'Al-Qaïda se cachent dans ce pays et entraînent leurs kamikazes dans les camps des talibans pakistanais, dans les zones tribales du nord-ouest, qui servent également de base-arrière aux talibans afghans.