Après de violents combats, la ville de Toulépleu, située dans une zone pro-Gbagbo de l'ouest du pays, est désormais aux mains des Forces nouvelles d'Alassane Ouattara. Une prise pourtant démentie par les forces pro-Gbagbo...
AFP - L'ex-rébellion ivoirienne des Forces nouvelles (FN), alliée à Alassane Ouattara, a pris dimanche la ville de Toulépleu, dans l'ouest du pays, aux forces du président sortant Laurent Gbagbo après de violents combats, ont indiqué des élus locaux et les FN.
"Il y a eu d'âpres combats à Toulépleu. Les Forces nouvelles ont pris la ville", ont déclaré à l'AFP des élus locaux. "Les rebelles étaient plus nombreux que nos jeunes, qui défendent la ville et ont dû opérer un repli tactique", ont-ils raconté.
"La ville est entièrement contrôlée par les FN", a déclaré une source au sein de l'état-major de l'ex-rébellion. Un combattant FN dans la zone a affirmé à l'AFP que son camp visait désormais la ville de Bloléquin, plus à l'est.
Grande ville proche de la frontière avec le Liberia, Toulépleu est située en zone sud restée sous le contrôle du président Laurent Gbagbo après le putsch manqué de 2002, à l'issue duquel la rébellion, baptisée plus tard Forces nouvelles, avait pris le nord du pays.
Depuis environ deux semaines, les combats ont repris dans l'ouest entre Forces de défense et de sécurité (FDS) de M. Gbagbo, appuyées par des miliciens, et éléments FN, faisant craindre une reprise des affrontements sur la ligne de front de 2002-2003.
Ces combats ont amplifié l'exode d'habitants de la région vers le Liberia, alors que plusieurs dizaines de milliers d'Ivoiriens s'y sont déjà réfugiés depuis le début de la crise opposant Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara, reconnu président élu par la communauté internationale après le scrutin de novembre.
Devant la récente flambée de violences, dans l'ouest et à Abidjan, le Conseil de sécurité de l'ONU a dit redouter une "résurgence de la guerre civile".
A Abidjan, dans le quartier pro-Ouattara d'Abobo (nord), où les FDS combattent des insurgés armés accusés par le camp Gbagbo d'être des FN, des tirs nourris, de kalachnikov notamment, ont été entendus dimanche après-midi, ont rapporté des habitants.
Dans ce quartier, sept femmes avaient été tuées par balles jeudi lors d'une manifestation pro-Ouattara. Des témoins, le camp Ouattara et la force de l'ONU dans le pays, l'Onuci, ont accusé les FDS. Le gouvernement Gbagbo a rejeté la responsabilité sur les insurgés, qualifiés de "terroristes".
Par ailleurs, un conseiller de M. Ouattara, Amadou Coulibaly, a affirmé à l'AFP qu'"une vingtaine de maisons de ministres et de partisans de M. Ouattara ont été pillées ces derniers jours". Il a accusé des "jeunes partisans de M. Gbagbo accompagnés de FDS", en disant s'appuyer sur des témoignages de voisins.
En outre, le quotidien d'Etat Fraternité-Matin, contrôlé par le camp Gbagbo, a été visé samedi soir par une roquette mais aucun bâtiment n'a été touché et il n'y a pas eu de blessé, a-t-on appris auprès de la rédaction.
Le panel de l'Union africaine sur la crise ivoirienne a exigé "l'arrêt immédiat des tueries" et des manifestations pouvant "dégénérer en troubles et en violences". Plus de 370 personnes ont été tuées dans des violences depuis fin 2010, selon l'ONU.
Par l'intermédiaire du président de la Commission de l'UA, Jean Ping, les cinq présidents africains du panel ont invité samedi les rivaux ivoiriens à une réunion avec les chefs d'Etat du Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l'UA, le 10 mars à Addis Abeba.
M. Ouattara a accepté, mais M. Gbagbo et le président du Conseil constitutionnel Paul Yao N'Dré, allié de M. Gbagbo et également invité, n'ont pas encore fait connaître leur réponse.
M. Ouattara a été déclaré vainqueur par la commission électorale et l'ONU, mais le Conseil constitutionnel a invalidé en partie ces résultats et proclamé M. Gbagbo réélu.
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