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Lampedusa, l'infranchissable "Porte de l'Europe"

Depuis des années, la minuscule île italienne de Lampedusa constitue la porte d'entrée des migrants africains vers l'Europe. Ses côtes accidentées portent les stigmates de ceux qui l'ont franchie, et de ceux qui y ont laissé la vie.

L'île de Lampedusa, à mi-chemin entre la Tunisie et l'Italie, émerge d'un étroit bras de mer qui sépare la Méditerranée en deux, à la croisée de routes sillonnées depuis toujours par les marchands, les pirates et autres aventuriers.

À travers les siècles, l'avant-poste rocheux baigné dans des eaux cristallines a été successivement occupé par les Phéniciens, les Grecs, les Arabes et même les Britanniques durant la Seconde Guerre mondiale.

Désormais, les seuls à envahir l'île sont les touristes descendus du Nord et les migrants du Sud, visiteurs inattendus auxquels les gardes-côtes italiens sont contraints de faire escorte.

Les migrants, qui affluent depuis les récents soulèvements qui agitent le monde arabe, n'ont qu'une courte, mais non moins périlleuse, traversée à parcourir – 225 km séparent la ville tunisienne de Sfax de l'île. Portés par une foi aveugle qui les pousse vers le Nord, ils affrontent la haute mer, faisant fi de la règle séculaire qui veut que l'on garde la côte à vue, surtout lorsqu’on navigue dans une petite embarcation.

Le périple est dangereux, tout comme l'est celui que les Libyens et les Égyptiens entreprennent aujourd’hui jusqu’à la Grèce via la Turquie voisine, où la rivière Evros est considérée comme la frontière la plus poreuse d'Europe.

Au cours de ces 15 dernières années, plus de 13 000 personnes auraient péri en tentant la traversée vers l'Italie. L'histoire des migrants de Lampedusa, qu’ils aient échoué ou atteint le rêve européen, peut se lire sur les monuments et les tombes qui jonchent l'île, sur les cadavres de bateaux qui gisent sur les plages, ou sur la monumentale Porte de l'Europe érigée à la mémoire de ceux qui ont péri en route.