La justice allemande a émis l'hypothèse d'un attentat islamiste après la fusillade qui a fait deux morts et deux blessés à bord d'un bus militaire à l'aéroport de Francfort, jeudi.
AFP - Le parquet fédéral allemand soupçonnait jeudi que la fusillade dans laquelle ont péri deux soldats américains la veille à l'aéroport de Francfort (ouest) était un attentat "à motivation islamiste".
Si le mobile se confirme, c'est la première fois depuis le 11 septembre 2001 qu'un attentat islamiste tue en Allemagne -- d'où ont été en partie préparées les attaques de 2001 aux Etats-Unis et où ont échoué depuis plusieurs projets terroristes.
"En raison des circonstances, on peut soupçonner que cet attentat est un acte à motivation islamiste", a annoncé le parquet fédéral à Karlsruhe (ouest), compétent pour les affaires de terrorisme, qui s'est saisi de l'enquête.
Mercredi, un Kosovar identifié de source proche des enquêteurs comme Arid Uka, 21 ans et résidant à Francfort, a tiré sur des militaires de l'armée de l'air américaine qui arrivaient d'Angleterre et devaient se rendre par bus jusqu'à la base de Ramstein, à 140 km de là. Deux soldats sont morts et deux autres ont été grièvement blessés. L'un restait dans un état critique jeudi.
Selon Boris Rhein, ministre de l'Intérieur de l'Etat régional de Hesse où est située Francfort, le meurtrier présumé serait un "islamiste radical" ayant agi seul et apparemment sans lien avec un "réseau" terroriste. Il travaillait au centre de tri postal de l'aéroport et aurait avoué, a ajouté M. Rhein.
Le nouveau ministre fédéral de l'Intérieur Hans-Peter Friedrich a jugé inutile de relever les mesures de sécurité en Allemagne.
Une commission spéciale de la police comprenant des enquêteurs américains a été mise en place pour élucider les motivations du jeune Kosovar, arrêté juste après les faits.
Selon des informations de la chaîne publique ARD, son arme s'est "apparemment enrayée". L'homme aurait crié "Allah Akhbar" ("Allah est le plus grand") avant d'ouvrir le feu et a été arrêté en possession de nombreuses munitions, ont rapporté plusieurs médias.
Il n'était pas connu des autorités allemandes comme un islamiste dangereux, selon des sources sécuritaires, mais était d'après ARD proche d'un prédicateur marocain radical interpellé il y a quelques jours lors d'un "coup de filet".
Le jeune Kosovar devait être présenté jeudi à un juge de la Cour fédérale chargé de statuer sur sa détention.
Albanais du Kosovo originaire de Mitrovica (nord), il n'avait pas de casier judiciaire dans son pays, selon un haut responsable policier kosovar.
Il vivait en Allemagne avec une partie de sa famille et les enquêteurs se penchent notamment sur sa page Facebook où il ne faisait pas mystère de ses convictions radicales, rapportent des médias.
La chancelière Angela Merkel a assuré mercredi au président américain Barack Obama, "outré par cette attaque", qu'aucun effort ne serait épargné dans ce dossier. Et le chef de la diplomatie Guido Westerwelle a promis jeudi à son homologue Hillary Clinton "une clarification rapide et complète de cet attentat".
Ramstein héberge une importante base américaine, qui sert de plateforme logistique notamment pour des opérations en Afghanistan. L'US Army dispose de plusieurs autres bases dans la région.
Un groupe islamiste démantelé à l'automne 2007 avant qu'il passe à l'acte, la "cellule du Sauerland", avait Ramstein en ligne de mire. Ses membres ont été condamnés en mars 2010 pour avoir rêvé d'"un nouveau 11 septembre".
L'Allemagne avait auparavant échappé à d'autres attentats islamistes. En juillet 2006 notamment, les bombes placées par des islamistes dans des valises dans deux trains régionaux n'avaient pas explosé. En 2003, des attentats contre des intérêts juifs avaient aussi été déjoués.