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Dimanche, le président Nicolas Sarkozy a dit vouloir préparer le pays "à affronter les évènements à venir" dans le monde arabe en remaniant le gouvernement. Ce qui ne signifie pas forcément un changement de cap. Décryptage.

C’est le neuvième remaniement gouvernemental orchestré par le président Nicolas Sarkozy depuis son élection à la magistrature suprême, en mai 2007. L’avant-dernier, il y a quatre mois, devait lui permettre d’amorcer une éventuelle candidature à sa propre succession en 2012 en étoffant le contingent de personnalités de droite dans son équipe.

Aujourd’hui, l’objectif est de préparer le pays "à affronter les évènements à venir" dans le monde arabe, avec lequel s'ouvre une "ère nouvelle" depuis les révolutions en Tunisie et Égypte.

Pour redémarrer du bon pied, Nicolas Sarkozy a notamment annoncé, dimanche dans son allocution télévisée, qu’il comptait relancer un projet qui lui est cher : l’Union pour la Méditerranée (UPM). L’organisation internationale, rassemblant les 27 membres de l’Union européenne et 17 États riverains de la mer Méditerranée avait été lancée en grande pompe le 13 juillet 2008. Aujourd’hui, entre le départ du président égyptien Hosni Moubarak, qui en assurait la coprésidence, et les maladresses de Paris face aux soulèvements dans le monde arabe, l’UPM a du plomb dans l’aile…

Dimanche, le chef de l'Etat a insisté sur le fait qu’il ne laissait pas tomber son projet pour autant. "Le moment est venu de refonder" l'UPM "à la lumière des événements considérables que nous vivons", a-t-il déclaré. En effet, depuis l’accession de Nicolas Sarkozy à l’Élysée, "la politique étrangère est décidée à l’Élysée, et non au Quai d’Orsay", souligne à l’antenne de FRANCE 24 Georges Malbrunot, grand reporter pour le quotidien "Le Figaro" et fin connaisseur du monde arabe.

Le départ de MAM, une "décision politique"

Le projet politique conserve donc les mêmes orientations. Même si le casting gouvernemental est différent. L’exécutif n’avait de toute façon pas vraiment d’autres solutions que de se séparer de la ministre des Affaires étrangères, Michèle Alliot-Marie, empêtrée dans les polémiques sur ses vacances de Noël en Tunisie et décrédibilisée dans tout le Maghreb. Cette dernière, persona non grata à Tunis, avait même été contrainte de laisser le soin à la ministre de l’Économie Christine Lagarde d’assurer, la semaine dernière, la première visite officielle française en Tunisie depuis la chute du président Ben Ali.

Ce lundi, sur RTL, le Premier ministre François Fillon a souligné que le limogeage de MAM était "une décision politique" et non "morale". À ses yeux, elle n'a "pas commis de faute".

"La polémique autour de la ministre a créé une situation dangereuse pour l'image et la voix de la France. À travers elle, c'est la diplomatie française qui était attaquée. Il est incontestable que le président et moi-même nous aurions préféré ne pas nous en séparer mais il n'y avait pas d'autres solutions", a-t-il ajouté.

2012 dans un coin de la tête

La nomination d’un poids lourd de la droite, Alain Juppé, pour succéder à Michèle Alliot-Marie apparaît dès lors comme une nouvelle tentative de mettre son équipe en ordre de bataille pour la présidentielle.

Dimanche soir, Nicolas Sarkozy a mis en garde contre le risque pour les pays arabes en pleine révolution de retomber aux mains de dictateurs : "Nous savons ce que pourraient être les conséquences de telles tragédies sur des flux migratoires devenus incontrôlables et sur le terrorisme".

"En reparlant de sécurité, le président de la République montre qu’il continue d’être hanté par Marine Le Pen, à l’heure où son électorat commence à être positivement intrigué par la présidente du Front national", analyse Jean-Marc Lech, président de l’institut de sondage IPSOS, sur FRANCE 24. Quand il s’agit des Affaires étrangères aussi, 2012 n’est jamais loin.