
La rocambolesque disparition de quatre tableaux de maîtres du musée des Beaux-Arts d'Ajaccio, le Palais Fesch, n'est toujours pas élucidée lundi. Le gardien, qui a affirmé avoir dérobé les œuvres mais sans pouvoir les restituer, a été mis en examen.
AFP - Le mystère planait toujours lundi sur le Palais Fesch-Musée des Beaux-Arts d'Ajaccio, après la rocambolesque disparition de quatre tableaux et la mise en examen attendue d'un gardien qui a affirmé les avoir dérobés pour obtenir un logement, sans être en mesure de les restituer.
Ce gardien de nuit s'était rendu au commissariat de police d'Ajaccio samedi 19 février pour déclarer s'être emparé de quatre tableaux d'une valeur inestimable, avant que ces oeuvres ne disparaissent dans la nature.
Il devait être mis en examen lundi pour vol commis en bande organisée et tentative de vol en bande organisée, a-t-on indiqué de source proche de l'enquête.
En garde à vue depuis samedi, l'employé indélicat qui, bien que soumis à une expertise psychiatrique, ne semble pas souffrir de troubles mentaux, a été transféré lundi au parquet d'Ajaccio qui a ouvert une information judiciaire.
Les investigations menées depuis la disparition de trois tableaux italiens et d'une oeuvre de Nicolas Poussin décrochés par le gardien à la fin de son service de nuit samedi matin, laissent supposer que l'homme n'a pas agi seul, selon une source proche de l'enquête.
Datant des XIVe, XVe, XVIe et XVIIe siècles, ces oeuvres (une "Pentecôte" de Mariotto di Nardo, une "Vierge à l'enfant" de Bellini, une autre d'un anonyme ombrien et "Midas à la source du fleuve Pactole" de Poussin) sont des pièces majeures des collections du Palais Fesch, qui abrite la deuxième collection de peinture italienne après celle du Louvre, à Paris.
Un cinquième tableau, "L'homme au gant" du Titien, retrouvé déplacé de son emplacement, a en outre peut-être fait l'objet d'une tentative de vol, ont indiqué des employés du Palais Fesch.
Le gardien de nuit avait raconté aux policiers, en présence d'une équipe de télévision convoquée à cet effet, avoir volé les tableaux pour obtenir du préfet de Corse et du maire d'Ajaccio un logement alors qu'il faisait l'objet d'une procédure d'expulsion.
Il avait ensuite accompagné les enquêteurs dans la campagne environnant Ajaccio, près d'un château à l'abandon sur les hauteurs de la ville, où était stationnée sa voiture dans laquelle il avait affirmé avoir déposé les oeuvres. Mais les policiers n'avaient rien trouvé à l'intérieur du véhicule dont des vitres avaient été brisées.
Deux jours après la disparition des tableaux, les enquêteurs craignent qu'ils n'aient déjà été transportés hors de Corse, en dépit des affirmations des experts selon lesquels de telles oeuvres, répertoriées dans le monde entier, ne sont pas négociables.
La police judiciaire et l'Office central de lutte contre le trafic de biens culturels ont fait diffuser un appel à témoins dans la presse locale.
Les investigations portent aussi sur le système de sécurité du Palais Fesch, dont le personnel est très affecté par ces vols, tout comme la population ajaccienne fière de son Musée des Beaux-Arts rouvert au public le 24 juin 2010 après deux ans de travaux.
Le système de sécurité est neuf et ultra-moderne, selon le conservateur du musée Philippe Costamagna, puisque l'édifice situé dans une rue piétonnière du coeur historique d'Ajaccio a été entièrement modernisé et réorganisé.
Ce musée national avait été visité en juillet 2010 par le ministre de la Culture, Frédéric Mitterrand, peu après l'inauguration. Fortement inspiré des palais italiens, l'édifice était né en 1828 de la volonté du cardinal Joseph Fesch, oncle de Napoléon 1er, et avait été achevé durant le Second empire.