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L'opposition parlementaire rejoint le mouvement de contestation

L'opposition se joint aux jeunes qui manifestent contre le régime du président Ali Abdallah Saleh, renonçant ainsi à reprendre le dialogue avec les autorités. Un manifestant - le 11e depuis le début du mouvement - a été tué ce dimanche à Aden.

AFP - La police a tué dimanche un manifestant à Aden, dans le sud du Yémen, le onzième dans cette ville en une semaine, alors que l'opposition parlementaire a décidé de se joindre à la contestation du président Ali Abdallah Saleh, au pouvoir depuis 32 ans.

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Un manifestant a été tué et un autre blessé lorsque la police a tiré des gaz lacrymogènes et des balles pour disperser des centaines de manifestants rassemblés à Aden, ont indiqué des sources médicales et des témoins.

Ce décès porte à onze le nombre de manifestants tués dans cette ville depuis le début de la contestation du régime le 13 février, selon un bilan établi par l'AFP.

Dimanche, l'opposition qui s'était tenue à l'écart des manifestations jusque-là, a annoncé sa décision de se joindre au mouvement de contestation, mené notamment par des étudiants, affirmant qu'elle ne reprendrait pas le dialogue avec le pouvoir sous la menace des armes.

Dans un communiqué dont l'AFP a obtenu une copie, le Forum commun, une alliance de l'opposition parlementaire, appelle ses composantes à "rejoindre les rangs des jeunes qui manifestent contre la répression, la tyrannie et la corruption".

Les manifestations, qui se déroulent quotidiennement dans le pays pour la huitième journée consécutive à l'initiative d'étudiants et de composantes de la société civile, ont été jusqu'à samedi violemment réprimées par des partisans du président Saleh.

Armés de gourdins, de pierres et d'armes blanches, ces derniers avaient systématiquement attaqué les jeunes, notamment les étudiants, à chaque fois qu'ils manifestaient.

Mais dimanche, plusieurs centaines d'étudiants ont manifesté devant le campus de l'Université de Sanaa sans être inquiétés par les partisans du pouvoir, tenus à l'écart par la police, selon un correspondant de l'AFP.

Les étudiants ont scandé des slogans contre le régime, alors qu'une centaine de ses partisans se tenaient à une centaine de mètres des manifestants, dont ils étaient séparés par des cordons de policiers.

En outre, le président Saleh a ordonné aux forces de sécurité de protéger les journalistes et de leur permettre d'exercer librement leur métier, a indiqué dimanche l'agence officielle Saba. Des dizaines de journalistes avaient été attaqués au cours de la semaine écoulée à Sanaa, dont des correspondants de l'AFP et d'autres médias internationaux.

L'opposition parlementaire n'a plus organisé de manifestation depuis une marche de dizaines de milliers de ses partisans le 3 février.

Elle avait décidé de reprendre le dialogue avec le régime, interrompu fin 2010, après des promesses de réformes annoncées par le chef de l'Etat.

M. Saleh a renouvelé dimanche son appel au dialogue, se déclarant prêt à "accéder aux demandes de l'opposition si elles sont légitimes".

Mais l'opposition écrit dans son communiqué que le dialogue n'est plus possible "maintenant que le sang a coulé, que des victimes sont tombées et que le pouvoir a lâché ses casseurs dans les rues".

"Il n'y aura pas de dialogue avec les balles et les matraques, pas de dialogue avec un pouvoir qui rassemble les mercenaires et les casseurs pour occuper les places publiques (...) et terroriser la population", dit le communiqué.

Par ailleurs, les autorités ont arrêté dimanche Hassan Baoum, principale figure du mouvement séparatiste actif dans le sud du Yémen, après son arrivée à Aden pour participer au mouvement de contestation du régime, a annoncé son fils.

Des hommes soupçonnés d'être des militants du Mouvement sudiste ont tué un soldat qu'ils avaient enlevé dans la province de Lahij, a indiqué dimanche un responsable des services de sécurité.