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Des opposants interpellés lors d'une manifestation

Alors que l'opposition organise une journée de manifestation réclamant la démission du Premier ministre Vladimir Poutine, des dizaines d'opposants, dont le chef du parti national-bolchévique Edouard Limonov, ont été interpellés à Moscou.

AFP - Des dizaines d'opposants, dont le chef du parti national-bolchévique Edouard Limonov, ont été interpellés à Moscou au début de manifestations dans le cadre d'une "journée du désaccord" avec le pouvoir, marquée samedi par des protestations de Saint-Pétersbourg à Vladivostok.

Les protestataires représentaient un large spectre politique, des libéraux à l'extrême gauche, sans toutefois bénéficier d'un soutien massif dans la population.

Ils réclamaient notamment la démission du Premier ministre russe Vladimir Poutine, qui, malgré la crise économique, conserve une cote de popularité très élevée de 83%, selon un récent sondage de l'institut indépendant Levada.

A peine avait-il prononcé quelques mots sur la place Trioumphalnaïa, dans le centre ville, que l'écrivain Edouard Limonov, 65 ans, était brutalement arrêté dans la plus grande confusion après avoir été jeté à terre, a constaté un correspondant de l'AFP.

"En dehors de Limonov, entre 10 et 15 personnes" ont été appréhendées au cours de cette manifestation non autorisée près de la statue du poète soviétique Vladimir Maïakovski, a déclaré le porte-parole de l'écrivain, Alexandre Averine.

D'impressionnants détachements de membres des forces anti-émeutes et d'agents en civil étaient déployés dans les environs immédiats et un hélicoptère survolait la scène.

Un petit rassemblement communiste, autorisé celui-là, avait auparavant eu lieu à cet endroit. Drapeaux rouges au vent, dans un froid glacial, les protestataires avaient eux aussi été placés sous haute surveillance, ceinturés de barrières métalliques et de cars de police.

Une dizaine d'opposants proches de l'ex-champion du monde d'échecs Garry Kasparov ont de leur côté été interpellés dans un autre quartier de la capitale russe, près de la station de métro Polianka, a constaté un deuxième journaliste de l'AFP.

Là encore surveillés par un hélicoptère, une cinquantaine de membres du Front civique uni et d'Oborona ("Défense") avaient commencé à défiler, en scandant "Nous avons besoin d'une autre Russie !" et "La Russie sans Poutine !", avant que des jeunes gens brusquement sortis de voitures, certains masqués, ne se mettent à les frapper avec des bâtons.

Le chef du mouvement de jeunesse d'opposition "My" ("Nous"), Roman Dobrokhotov, qui avait interrompu à la fin de l'année dernière un discours au Kremlin du président Dmitri Medvedev, a été arrêté près du siège du gouvernement, a annoncé Interfax.

Selon cette agence, la police de Moscou a fait état de 41 personnes appréhendées dans l'ensemble de la capitale.

Environ 7.000 policiers étaient mobilisés, a affirmé la radio indépendante Echo de Moscou.

Dans le même temps, non loin de la Place Rouge, une manifestation du parti au pouvoir Russie unie a réuni 5.000 personnes selon les organiseurs et 8.000 selon la police. Les participants ont crié "Medvedev ! Poutine ! Nous allons gagner ensemble !".

Les chaînes de télévision russes, contrôlées par le régime, ont diffusé des images de ce rassemblement, mais fait l'impasse sur les interpellations d'opposants.

D'autres manifestations se sont déroulées ailleurs en Russie, en particulier à Saint-Pétersbourg (nord-ouest), où des opposants libéraux se sont relayés pour protester individuellement contre la politique du gouvernement.

Ils ont choisi cette tactique pour éviter les interpellations qui ont ponctué leurs précédentes marches "du désaccord", violemment dispersées, les manifestations individuelles étant possibles sans autorisation préalable.

Une manifestation organisée par le Parti communiste à Vladivostok (Extrême-Orient) a regroupé 3.000 personnes.