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"Cela ne doit pas se faire dans le sang"

Hassan Al-Jahmi, un trentenaire originaire de Benghazi, vit en exil en Suisse depuis bientôt dix ans. Il est l’auteur de l’appel au rassemblement de ce 17 février, qu’il a lancé en créant une page Facebook qui rassemble 20 000 adhérents.

FRANCE 24 : Peut-on directement relier les heurts entre manifestants et forces de l’ordre qui ont eu lieu dans la nuit de mardi à mercredi à Benghazi et l’appel que vous avez lancé sur Facebook ?

Hassan Al-Jahmi : Oui, nous étions en contact avec des personnes qui se sont révoltées à Benghazi cette nuit-là. Plusieurs ont d’ailleurs été emprisonnées. Les manifestants de Benghazi ont profité de l’arrestation de l’avocat Fethi Tarbel pour lancer le mouvement. Ils ont profité d’une ouverture, d’autant plus que de nombreuses rumeurs font état d’un dispositif exceptionnel en préparation pour étouffer dans l’œuf les manifestations prévues ce jeudi.

Redoutez-vous la réaction de l’armée si votre appel à la révolte est massivement suivi ?

H.A-J : Beaucoup de Libyens, y compris moi, ont fait appel aux organisations internationales pour qu’elles fassent pression sur le régime afin d’éviter les affrontements. Cet appel à la manifestation est totalement pacifique. Nous voulons obtenir la tête du régime, mais cela ne doit pas se faire dans le sang. Sur place, les manifestants s’organisent justement en fonction des dispositifs des forces de police. Nous sommes néanmoins inquiets puisque nous avons de fortes raisons de penser que le régime de Mouammar Kadhafi a payé des personnes, policiers et civils, pour semer le trouble et légitimer une intervention.

Ces manifestants que vous tentez de réunir aujourd’hui, qui sont-ils ?

H.A.J : Ce sont essentiellement des jeunes, entre 20 et 35 ans, qui sont finalement assez représentatifs de la population jeune de la Libye. Il y a également des personnes plus jeunes encore, qui ont une vingtaine d’années. Cette révolte réunit finalement une très grande majorité de Libyens, sans distinction de sexe, autour d’une même cause : renverser le régime du colonel Kadhafi.