
Confortés par les événements en Tunisie et en Égypte, des internautes du Bahreïn appellent à "la révolte" ce lundi. Le monarque Hamad ben Issa al-Khalifa a autorisé le versement de 2 650 dollars à chaque famille de cette île du golfe Arabo-persique.
REUTERS - Des manifestations anti-gouvernementales, les premières depuis les événements de Tunisie et d’Egypte, sont prévues lundi à Bahreïn.
Monde arabe : les raisons de la révolte
Le Bahreïn est un petit pays producteur de pétrole du Golfe arabo-persique peuplé majoritairement de chiites, qui se plaignent de longue date de discrimination de la part de la famille régnante sunnite.
“Il y a un profond mécontentement dans d’importants secteurs de la société bahreinie”, a déclaré Toby Jones, professeur d’études proche-orientales à l’université Rutgers aux Etats-Unis.
“S’il devait y avoir un endroit dans le Golfe où je prédirais des événements analogues à ceux d’Egypte, ce serait Bahreïn”, a-t-il ajouté.
Cherchant à désamorcer la tension, le roi, Hamad bin Issa al Khalifa, a annoncé qu’il allouerait 1.000 dinars (2.650 dollars) à chaque famille bahreïnie, et le gouvernement a laissé entendre qu’il pourrait remettre en liberté des jeunes arrêtés l’an dernier lors d’opérations de police.
Certains villages du pays sont régulièrement le théâtre d’échauffourées nocturnes entre les forces de sécurité et des jeunes chiites qui érigent des barricades et lancent des cocktails Molotov sur les policiers.
Le gouvernement a effectué une reprise en main en août dernier et visé certaines organisations chiites. Vingt-cinq chiites arrêtés durant ces opérations de police sont en procès pour incitation à la violence en vue de renverser le gouvernement. Le procès est dans l’impasse après une série de démissions d’avocats.
La principale organisation d’opposition chiite du pays, Wefak, devrait jouer un rôle de taille dans les manifestations de lundi, car il est à même de mobiliser rapidement des dizaines de milliers de partisans et de les faire descendre dans la rue.
Mais, selon certains observateurs, Wefak est une organisation prudente qui ne jettera pas tout de suite toutes ses forces dans la rue et attendra de voir jusqu’où le gouvernement veut bien faire des concessions.
“Je pense que ce n’est pas un hasard si le gouvernement a choisi ce moment pour annoncer les nouvelles allocations à chaque famille bahreïnie”, déclare Jane Kinninmont, analyste chez Economist Intelligence Unit, selon laquelle la chute de Hosni Moubarak en Egypte est de nature à renforcer la position des manifestants dans le royaume.
Sur toute l’île de Bahreïn, des habitants ont klaxonné et agité des drapeaux égyptiens vendredi soir à l’annonce de la démission de Moubarak.