Pour ce premier jour ouvré de l'après-Moubarak, les Cairotes tentent de renouer avec leurs habitudes. La circulation devrait être rouverte place Tahrir. Certains manifestants ont menacé de revenir si l'armée ne tenait pas ses promesses.
REUTERS - Les Egyptiens tentent ce dimanche de reprendre le cours de leur vie quotidienne dans un pays qu'ils ont pourtant bouleversé deux jours plus tôt en
obtenant le départ d'Hosni Moubarak après quasiment 30 années de pouvoir autoritaire.
Pour ce premier jour ouvré de l'après-Moubarak, les commerces vont rouvrir et de nombreux Egyptiens vont reprendre le chemin du travail après 18 journées qui ont changé le cours de l'histoire moderne de l'Egypte et peut-être de la région.
Certains dirigeants du mouvement de contestation fatal à Hosni Moubarak ont toutefois menacé d'organiser de nouvelles manifestations si leurs revendications en faveur de changements démocratiques n'étaient pas exaucées par l'armée.
Les militaires, qui ont pris les rênes du pays via un conseil suprême des forces armées, se sont engagés à remettre le pouvoir aux civils à l'issue d'un processus transparent et
démocratique. Ils n'ont cependant fourni aucun calendrier détaillé.
Quelques précisions pourraient être apportées à l'issue d'une réunion ministérielle prévue ce dimanche.
Le rétablissement de l'ordre est l'une des priorités des militaires, qui protègent les bâtiments stratégiques en l'absence de la police, qui semble s'être volatilisée.
Des centaines de personnes ont encore campé durant la nuit sur la place Tahrir dans le centre du Caire pour maintenir la pression sur la hiérarchie militaire.
Foule joyeuse
"Si l'armée ne remplit pas nos exigences, notre soulèvement et ses manifestations concrètes repartiront de plus belle", a prévenu Safouat Hegazi, l'un des chefs de file de la
contestation.
Les protestataires réclament la levée de l'état d'urgence et la dissolution du parlement issu des élections législatives de novembre, largement considérées comme truquées au profit du Parti national démocrate (PND) au pouvoir.
Une foule joyeuse a continué dans la nuit de samedi à dimanche à célébrer la chute d'Hosni Moubarak dans les rues du Caire, animées par de la musique et colorées par les drapeaux égyptiens.
L'ancien président, âgé de 82 ans, semble s'être retiré dans sa résidence de Charm el Cheikh, sur les rives de la mer Rouge.
L'Egypte est l'un des principaux alliés des Etats-Unis dans le monde arabe et elle est l'un des deux seuls pays de la région à avoir conclu la paix avec Israël.
L'armée a tenté d'apaiser les craintes américaines et israéliennes quant aux conséquences des bouleversements en cours en s'engageant à respecter les obligations internationales de l'Egypte.
Après le renversement du président tunisien Zine Ben Ali le 14 janvier, la chute d'Hosni Moubarak inspire des mouvements populaires contre les régimes en place dans de nombreux pays de la région.
Au Yémen, un rassemblement antigouvernemental a été réprimé samedi tandis qu'à Alger, les forces de l'ordre déployées en masse ont empêché une manifestation en faveur de changements démocratiques en Algérie.