
Lors d'un entretien à FRANCE 24, la ministre française des Affaires étrangères se défend d'avoir commis un acte répréhensible en acceptant d'embarquer, lors de ses vacances tunisiennes de fin d'année, dans le jet privé d'un proche du clan Ben Ali.
"Je comprends a posteriori que cela a pu choquer". Dans une interview accordée à FRANCE 24, la chef de la diplomatie française, Michèle Alliot-Marie, a tenté une nouvelle fois de couper court à la polémique suscitée par ses deux trajets effectués lors de ses vacances tunisiennes au bord de l’avion privé d'un homme d’affaires considéré comme un proche du clan Ben Ali.
Reprenant les grandes lignes de sa défense, la ministre des Affaires étrangères est revenue sur les raisons qui l'ont poussée à accepter d'embarquer par deux fois dans le jet d'Aziz Miled pendant son séjour à la fin de l'année 2010 en Tunisie, alors que le pays était déjà en proie à des troubles sociaux qui ont débouché sur la chute du président Zine el-Abidine Ben Ali. "Je l'ai vu comme un geste amical", précise-t-elle. Et la ministre d'ajouter : "Je ne vois pas en quoi cela est répréhensible."
Cible des critiques de l'opposition française, Michèle Alliot-Marie tente toutefois une timide remise en question : "Si les événements actuels n'étaient pas ce qu'ils sont, il est possible qu'il n'y aurait pas eu tout ce cirque", mais "je ne recommencerai pas puisque cela choque."
"Je n'ai jamais menti"
itSamedi soir, sur les ondes de France-Info, la chef de la diplomatie française avait déjà tenté de se justifier : "Quand je suis en vacances, je ne suis pas ministre des Affaires étrangères, je suis Michèle Alliot-Marie". Une ligne de défense jugée "lamentable", par le chef de file des députés socialistes, Jean-Marc Ayrault. "On est toujours ministre de la République, qu'on soit en vacances ou en activité, on ne se met pas entre parenthèses".
Même le ministre de la Coopération, Henri de Raincourt, tout en estimant que les ministres avaient le droit à la vie privée et au repos, a affirmé que "quand on est membre du gouvernement [...] on l'est évidemment à temps complet".
Alors que l'opposition réclame sa démission, Michèle Alliot-Marie assure à FRANCE 24 que cette affaire ne l'empêche aucunement de travailler et qu'elle bénéficie de la confiance du président français, Nicolas Sarkozy. "Il a eu des gestes d'amitié que j'apprécie", a-t-elle confié. "Je suis quelqu'un d'honnête, je n'ai jamais menti."
Arrivée aux Affaires étrangères en novembre, Michèle Alliot-Marie, figure de la droite française, traverse depuis quelques semaines l'une des pires tempêtes de sa carrière. La ministre avait déjà provoqué un tollé en proposant le 11 janvier une coopération policière au régime de l'ex-président tunisien, alors que les manifestations se multipliaient.
Cette offre a cristallisé les critiques adressées à la diplomatie de la France accusée d'avoir tardé à soutenir le soulèvement et passé sous silence le caractère autoritaire et corrompu du régime de Ben Ali.