Le nouveau traité russo-américain de désarmement nucléaire, signé le 8 avril 2010 entre Moscou et Washington, est entré en vigueur ce samedi. L'accord est valable dix ans et peut être reconduit pour cinq années supplémentaires.
AFP - Le nouveau traité russo-américain de désarmement nucléaire START signé le 8 avril 2010 est entré en vigueur samedi, après l'échange des instruments de ratification entre les chefs de la diplomatie des deux pays.
"Aujourd'hui nous avons échangé les instruments de ratification d'un traité qui diminue les dangers nucléaires pesant sur les peuples russe et américain et sur le monde", a déclaré la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton lors d'une cérémonie avec son collègue russe Sergueï Lavrov, en marge de la Conférence annuelle sur la sécurité à Munich (sud de l'Allemagne).
Le traité constitue la pièce maîtresse du "redémarrage" des relations entre Washington et Moscou après des tensions apparues à la fin de la présidence du prédécesseur de M. Obama, George W. Bush. Il avait été signé par MM. Barack Obama et Dmitri Medvedev à Prague en avril 2010 après de longues négociations.
Ce traité valable dix ans et reconductible pour cinq ans prévoit que chacun des deux pays peut déployer au maximum 1.550 têtes nucléaires, soit une réduction de 30% par rapport à 2002.
Il permet la reprise des vérifications mutuelles des arsenaux nucléaires des deux superpuissances, interrompues fin 2009 à l'expiration du précédent accord de désarmement bilatéral, datant de 1991.
Il a cependant été critiqué pour son manque d'ambition, car il ne tient aucun compte des milliers d'ogives nucléaires stockées par la Russie et les Etats-Unis.
Bien que six autres pays (sans compter la Corée du Nord dont les capacités sont encore embryonnaires) disposent de l'arme atomique, Washington et Moscou détiennent toujours plus de 90% des arsenaux nucléaires de la planète.
Et les plafonds qu'il fixe pour les vecteurs (missiles et bombardiers à long rayon d'action) effectivement déployés --700 par pays plus 100 en réserve-- correspondent peu ou prou à la réalité déjà sur le terrain, les Russes étant déjà sous ce seuil et les Américains très peu au dessus.
M. Lavrov a déclaré devant la Conférence de Munich que cet accord améliorerait "la stabilité internationale".
Quelles qu'en soient les limites ou les réserves, l'événement marque symboliquement la nouvelle ère qu'appelait de ses voeux devant la même Conférence il y a deux ans le vice-président américain Joe Biden, à savoir d'"appuyer sur le bouton" pour redémarrer les relations russo-américaines.
Celles-ci avaient été mises à mal par la guerre entre la Russie et la Géorgie, en août 2008. L'intervention américaine en Irak en 2003 et les vives critiques de Vladimir Poutine contre les tendances américaines à dicter au monde entier sa conduite, à cette même tribune de Munich en 2007, avaient déjà détérioré les rapports entre les deux anciens adversaires de la Guerre froide.
Ce traité permettra à Washington de passer avec Moscou à d'autres discussions sur la limitation des armes de courte portée ainsi que sur les fameux stocks d'ogives nucléaires sous cocon, dont il faudra bien un jour se débarrasser aussi, comme l'a confirmé samedi Mme Clinton.
Le traité n'a pas été ratifié sans mal, et il est assorti de documents où sont notifiées les réserves de Moscou.
Le point de désaccord fondamental concerne la décision de l'administration Obama de poursuivre la construction en Europe d'un bouclier antimissile. La Russie a fait savoir qu'elle n'accepterait ce projet qu'à condition de pouvoir y participer à part entière.