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La crise donne un nouveau souffle au Forum social mondial

Alors que se tient le Forum économique mondial à Davos, en Suisse, des milliers de personnes, dont plusieurs chefs d'État, se sont déplacées à Belem, au Brésil, pour le Forum social mondial que la crise économique semble redynamiser.

AFP - Les 100.000 participants au Forum social mondial, qui se déroule dans la ville amazonienne de Belem, au Brésil, sont d'humeur festive malgré la crise car ils voient dans le nouveau président américain Barack Obama un symbole de leur espoir d'un monde meilleur.

"Je pense que le bon moment est venu. Et tout le monde place ses espoirs en Obama", souligne Daivecle Samara, un militant brésilien, résumant une opinion très répandue chez les altermondialistes venus assister à ce forum.

"Il doit encore faire ses preuves. Mais ce qu'il a promis dans ses discours, ses premières mesures, jusqu'à maintenant, c'est un très bon signe", renchérit Cassandre Blier, militante d'une organisation canadienne pour le développement.

Ces paroles chaleureuses envers Obama, premier Noir à accéder à la présidence des Etats-Unis, contraste avec les invectives souvent lancées à son prédécesseur George W. Bush, lors des précédentes éditions de ce grand rendez-vous de la gauche mondiale, depuis sa naissance en 2001.

Traditionnellement, lors de la manifestation d'ouverture du forum, les militants mettaient le feu à un mannequin de Bush, honni pour avoir envahi l'Irak et pour son refus de lutter contre le réchauffement climatique.

Une grande part de l'optimisme des altermondialistes est suscité par l'espoir que le nouveau président américain s'attaquera à la crise en se souciant des travailleurs et adoptera une démarche plus écologique.

Il y a aussi le sentiment croissant que le capitalisme libéral américain va laisser la place à un nouveau modèle.

La crise "influence pratiquement toutes les discussions au Forum", estime Cassandre Blier.

Pour une représentante de Greenpeace Brésil, Vania Alves, "l'objectif principal des organisations de défense de l'environnement est de faire en sorte que Obama remette les Etats-Unis à la table des négociations pour un nouvel accord qui remplacera le protocole de Kyoto" après 2012.

Dans un geste de rupture avec les années Bush, Barack Obama a nommé cette semaine un émissaire chargé du réchauffement climatique et a annoncé des mesures pour réduire les émissions de CO2 produites par les automobiles.

En dépit de tout cet optimisme, certains doutent que les Etats-Unis, à l'origine de la crise, puissent apporter une solution au monde.

Les Etats-Unis, affirme Rafael Lima Vieira, un chercheur à l'Observatoire brésilien des mouvements sociaux, "continueront à être un pays impérialiste, un pays capitaliste qui exploite les groupes vulnérables et les pays en voie de développement".

L'Uruguayen Daniel Zopis, un réalisateur de documentaires sociaux, estime également que, "même si on change le président, le caractère de cette culture reste le même, que ce soit Bush ou Obama".

Néanmoins, des signes de sympathie envers Obama étaient visibles au forum, comme le badge "Yes, we can" de sa campagne victorieuse.

Plus largement, son slogan promettant le changement faisait écho à Belem au mot d'ordre, "Un autre monde est possible", le crédo de milliers de militants politiques, syndicaux, écologistes et féministes rassemblés pour le forum.