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Magistrats et policiers en colère contre les "sanctions" promises par Sarkozy

Jeudi, des magistrats de Nantes ont décidé de suspendre leurs audiences pour une semaine, après que Nicolas Sarkozy a mis en cause le fonctionnement de la justice et réclamé des "sanctions" dans le cadre de l'affaire Laëtitia.

AFP - Les syndicats de magistrats se sont dit jeudi "révoltés" par la mise en cause par Nicolas Sarkozy de la police et de la justice dans l'affaire Laetitia et préparent un mouvement national de protestation.

"Les propos du président de la République sont scandaleux (...), c'est du populisme de bas étage", a réagi Christophe Régnard, président de l'Union syndicale des magistrats (USM, majoritaire).

Chez les magistrats, "le mot ras-le-bol est faible, il y a un sentiment d'injustice et de révolte", a également déclaré à l'AFP Matthieu Bonduelle, secrétaire général du Syndicat de la magistrature (SM, gauche).

En solidarité avec les magistrats de Nantes, qui ont décidé jeudi de suspendre les audiences, l'USM comptait appeler dans un premier temps à des assemblées générales dans toutes les juridictions de France, "afin de faire la même chose que les collègues nantais".

Les syndicats étudient par ailleurs les modalités d'une action nationale commune pour la fin de la semaine prochaine, ont indiqué l'USM et le SM.

Lors d'un déplacement à Orléans, Nicolas Sarkozy a promis que les "dysfonctionnements graves" des services de police et de la justice qui ont permis la remise en liberté du principal suspect du meurtre de la jeune Laetitia à Pornic (Loire-Atlantique) seraient sanctionnés.

"Quand on laisse sortir de prison un individu comme le présumé coupable sans s'assurer qu'il sera suivi par un conseiller d'insertion, c'est une faute. Ceux qui ont couvert ou laissé faire cette faute seront sanctionnés, c'est la règle", a ajouté le président de la République.

"Tout le monde sait que ce n'est pas une faute qui a été commise", a estimé Matthieu Bonduelle. "Des choix ont été faits et validés par la hiérarchie (...), il n'y avait pas les moyens de faire mieux", a-t-il ajouté.

Pour lui, "il est quasi-impossible d'exercer les fonctions de magistrat en +sarkozie+". La justice réclame plus de moyens depuis des années, et maintenant "on vient nous reprocher d'essayer de faire au mieux avec les moyens qu'on a!", s'est-il indigné.

"Si on est dans la recherche de boucs émissaires, on ne peut plus travailler. La situation nantaise est partout, on ne peut pas suivre l'ensemble des personnes", a renchéri Christophe Régnard, déplorant au passage l'emploi par le chef de l'Etat de l'expression "présumé coupable".

"Le ministère de la Justice vient de reconnaître qu'il y a 100.000 peines non exécutées chaque année", a rappelé le président de l'USM.

Le Snepap-FSU "ne peut admettre une telle mise en cause des professionnels que nous sommes, ainsi qu'une telle méconnaissance de l'activité des services et des règles d'exécution des peines en France", a également réagi le syndicat de travailleurs pénitentiaires.

Le responsable du SM disait ne pas avoir vu un tel sentiment de révolte depuis 2008, à l'époque où Rachida Dati était ministre de la Justice. Un mouvement de protestation avait alors été déclenché par la mise en cause des services judiciaires et pénitentiaires dans le suicide d'un mineur à la prison de Metz.