Des milliers de manifestants affluent ce dimanche dans la capitale égyptienne, pour réclamer le départ du président Hosni Moubarak. Selon l’AFP, les affrontements entre policiers et protestataires ont fait 111 morts ces cinq derniers jours.
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AFP - L'Egypte se préparait dimanche matin à une nouvelle journée de révolte qui a fait une centaine de morts en cinq jours, malgré des changements annoncés la veille à la tête du gouvernement.
La chaîne satellitaire Al-Jazira, très critiquée par les autorités pour sa couverture des manifestations, a été interdite en Egypte, a annoncé l'agence officielle égyptienne Mena.
Plusieurs dizaines de personnes convergeaient tôt dimanche vers la place emblématique de Tahrir (libération en arabe) qui a connu depuis mardi des rassemblements de dizaines de milliers de personnes demandant le départ du président Hosni Moubarak, selon un photographe de l'AFP.
Quelque 200 personnes étaient sur place aux premières heures après y avoir passé la nuit.
La presse gouvernementale a changé de ton dimanche parlant de "changement" et s'acharnant notamment sur des figures du milieu des affaires proches du président Moubarak et de son fils Gamal, piliers du régime et hauts responsables de Parti national démocrate (PND) au pouvoir.
itLa révolte, qui en de nombreux endroits a tourné à l'émeute et dégénéré en de violents affrontements entre police et manifestants, a fait 111 morts et plus de 2.000 blessés, en majorité des civils, selon un bilan de l'AFP basé sur des chiffres de sources au sein des services de sécurité et des sources médicales
Les manifestations ont paralysé partiellement le pays, de nombreux distributeurs de billets étaient vides, les banques et la Bourse étant toujours fermées après leur congé hebdomadaire, et deux séances clôturant sur une forte baisse mercredi et jeudi.
En outre, les examens dans les universités et les écoles ont été reportés jusqu'à nouvel ordre.
Après de nombreux pillages au Caire, soumis tout comme les grandes villes d'Alexandrie et de Suez au couvre-feu à partir de 16H00 (14H00 GMT), l'armée semblait plus présente et plus ferme dans la rue. Des comités de citoyens organisés dans les quartiers remettaient les pillards aux forces armées.
Des milliers de prisonniers se sont également évadés de plusieurs centres carcéraux à travers le pays, parmi eux des détenus de droit commun, des détenus politiques et des islamistes emprisonnés depuis plusieurs années.
Au plan politique, on attendait l'annonce d'un nouveau gouvernement au lendemain de la nomination par M. Moubarak d'un nouveau Premier ministre, Ahmad Chafic, une personnalité respectée dans les milieux politique y compris au sein de l'opposition, et d'un vice-président, pour la première fois depuis son arrivée au pouvoir il y a 30 ans, Omar Souleimane, un proche du président.
itParmi les nominations les plus attendues, figure notamment celle pour le portefeuille de l'Intérieur, la police sous le ministre sortant Habib el-Adly -en poste depuis 1998-, étant accusé de tortures et d'abus.
Samedi soir, et malgré le couvre-feu, des milliers de personnes étaient massées dans les rues du Caire et dans d'autres villes après une journée marquée par des heurts meurtriers entre manifestants et forces de sécurité qui ont fait usage de gaz lacrymogènes et de balles caoutchoutées.
L'armée appelée en renfort a, de son côté, demandé à la population de se protéger des pillages. Des comités de quartier, dont les membres sont armés de gourdins et de barres de fer, se sont constitués.
L'opposant le plus en vue, l'ex-chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique et prix Nobel de la paix Mohamed ElBaradei, jugeant insuffisantes les nouvelles nominations, a de nouveau appelé M. Moubarak à partir "sans délai pour le bien de l'Egypte".
Le président américain Barack Obama a une nouvelle fois exhorté le régime de M. Moubarak, qui est le principal allié des Etats-Unis dans le monde arabe, à mettre en oeuvre des réformes et à faire preuve de retenue.
Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a appelé pour sa part à la "retenue, à la non violence et au respect des droits", tandis que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu assurait dimanche qu'Israël voulait préserver la paix avec l'Egypte et la stabilité régionale.