L'ambassadeur de Ouattara à Paris prend possession "par la force" de ses locaux – Mardi, accompagné d'une cinquantaine de militants pro-Ouattara, Ally Coubaly a pris "de force" l'ambassade de Côte d'Ivoire à Paris. Récit d'une situation inédite par Alexandra Renard, journaliste de FRANCE 24 sur place au moment des faits.
Désigné par Alassane Ouattara pour représenter la diplomatie ivoirienne à Paris, Ally Coulibaly a pris possession "par la force" des locaux de l'ambassade de Côte d'Ivoire dans la capitale française, ce mardi.
Accusant son prédécesseur, Pierre Kipré, nommé par le président ivoirien sortant Laurent Gbagbo, de refuser de lui céder la place, Ally Coulibaly "a pénétré dans les locaux de l'avenue Raymond-Poincaré, en forçant la porte et les serrures", a constaté, sur place, Alexandra Renard, journaliste de FRANCE 24.
"Prise de la Bastille"
"La situation était un peu folle, rapporte cette dernière. Ally Coulibaly est arrivé vers midi [heure locale], entouré d’une cinquantaine de partisans qui hurlaient et chantaient", explique-t-elle, en décrivant une foule décidée à en découdre avec l’ancien ambassadeur. La situation, "assez tendue", ne semble pourtant pas inquiéter les CRS postés quelques mètres plus loin. Ils "n’ont réagi que très mollement", témoigne Alexandra Renard, "ils ont rapidement laissé la foule pénétrer dans les locaux et s’installer de force".
Une fois l’ambassade sous contrôle, Ally Coulibaly est "fièrement" apparu au balcon du bâtiment, faisant le "V" de la victoire. "On aurait dit la prise de la Bastille", commente la journaliste. Mais l’épopée ne s’arrête pas là.
itQuelques minutes plus tard, les partisans pro-Ouattara décident de se rendre à l’annexe de l’ambassade, boulevard Suchet. Là, le scénario se répète. "Ils ont à nouveau forcé l’entrée, mais personne n’occupait les lieux, les lumières étaient éteintes", raconte la journaliste.
Dans la foulée, les partisans du président ivoirien reconnu par la communauté internationale sont partis à l’assaut d’un autre bâtiment. La nouvelle cible ? La résidence de l’ambassadeur ivoirien, à l’hôtel Masseran, dans le 15e arrondissement de Paris. La course folle s’arrêtera là. "Ils n’ont pas réussi à rentrer à cause de la sécurité", commente Alexandra Renard. Les partisans sont donc repartis bredouilles mais ont promis de revenir vendredi pour s’assurer du départ de Pierre Kipré.
Un pro-Gbagbo molesté
Un peu plus tôt dans la matinée, la situation s’était déjà gravement détériorée devant l’entrée de l’ambassade. Un partisan accusé d’être pro-Gbagbo, "venu pour obtenir un visa pour l’un de ses proches", d'après Alexandra Renard, a violemment été pris à parti par la foule.
Poursuivi pendant plusieurs minutes, l’homme a été passé à tabac par les pro-Ouattara. "Ils m’ont tabassé, ils ont cassé mes lunettes", hurle la victime, visiblement choquée, au micro de la journaliste. "Ce sont des assassins, je vous dis ! On ne peut pas diriger la Côte d’Ivoire comme ça, dans le désordre !". L’homme affirme pourtant être membre du Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI), qui a soutenu la candidature d'Alassane Ouattara au second tour de la présidentielle, le 28 novembre.
Depuis la présentation, le 20 janvier, des lettres de créance d'Ally Coulibaly au Quai d'Orsay, la tension est montée d'un cran entre la France et le camp de Laurent Gbagbo. En guise de représailles, ce dernier a annoncé, dans la foulée, le retrait de l'accréditation de l'ambassadeur de France en Côte d'Ivoire, Jean-Marc Simon. Une décision "dépourvue de tout effet juridique", a répliqué le ministère français des Affaires étrangères.
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