S'inspirant du modèle tunisien, des manifestants ont défilé dans plusieurs villes égyptiennes, ce mardi, contre le régime de Moubarak. Les réseaux sociaux ont servi de vecteurs aux manifestations qui ont rassemblé plusieurs milliers d’Égyptiens.
Répondant à l'appel de plusieurs mouvements d'opposition qui s'inspirent du soulèvement tunisien, des milliers de manifestants clamant des slogans hostiles au pouvoir ont défilé mardi dans plusieurs villes d'Égypte.
"Moubarak dégage", "la Tunisie est la solution", ont scandé les manifestants au Caire comme à Alexandrie, face à un dispositif policier massif.
Entre 20 000 et 30 000 policiers sont déployés au Caire, la capitale, où des gaz lacrymogènes ont été tirés contre les manifestants, en grande partie des jeunes, rassemblés sur la grande place Tahrir et ses environs. Le rassemblement a un peu reculé mais ne s'est pas dispersé. En retour, la police a essuyé quelques jets de pierres. En début de soirée, ils étaient encore des milliers sur cette place à scander "le peuple veut le départ du régime", rapporte un journaliste de l’AFP.
Ces manifestations anti-gouvernementales sont les plus importantes depuis les émeutes de 1977 provoquées par une hausse du prix du pain, selon des spécialistes.
Facebook et Twitter au service des manifestants
Depuis plusieurs jours, les quelque 17 millions d’internautes égyptiens se préparent à ces manifestations. Les réseaux sociaux ont été massivement mis à contribution. Sur Twitter et Facebook, qui regroupe à lui seul 5 millions d'utilisateurs égyptiens, les messages s’enchaînent à un rythme effréné.
Difficile de ne pas faire le parallèle avec la situation en Tunisie, que d’aucuns ont rapidement surnommé "la première révolution Facebook". Mais le président égyptien, Hosni Moubarak, au pouvoir depuis 29 ans, doit-il réellement craindre un scénario à la tunisienne ?
itLes autorités auraient en tout cas décidé, mardi, d’éviter tout débordement numérique. Selon le correspondant de France 24 au Caire, Tamer Ezzdine, les réseaux mobiles sont fortement perturbés dans le pays. D’autres affirment même qu’il n’est plus possible d’accéder à Twitter. Le blog technologique américain TechCrunch liste ainsi, mardi, plusieurs messages postés sur le célèbre site de microblogging faisant état de l’impossibilité d’accéder à Twitter.
Dans les jours qui ont précédé les manifestations, les réseaux sociaux avaient fonctionné à plein régime. "Cher peuple tunisien, le soleil de la révolution ne va pas s’éclipser", peut-on lire sur la page Facebook du groupe égyptien "25 janvier : la révolution de la liberté", qui compte près de 400 000 fans pour qui ce mardi revêt une importance particulière. Le 25 janvier est en effet le "jour de la police", célébration qui se tient chaque année en mémoire du soulèvement des forces de l'ordre contre les Britanniques, en 1952.
Des internautes appellent d’ailleurs les policiers à se joindre aux manifestants pour exprimer leur ras-le-bol du régime égyptien. Un autre groupe, baptisé "Jour de la révolution", se targue d'avoir mobilisé plus de 80 000 Égyptiens se disant prêts à descendre ce mardi dans les rues du Caire, la capitale.