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Le Premier ministre François Fillon s'oppose au projet de loi sur l'euthanasie

Le Premier ministre a publié une tribune dans le journal Le Monde dans laquelle il dénonce la proposition de loi sur l'euthanasie qui doit être examinée ce mardi au Sénat. "Je suis hostile à la légalisation d'une aide active à mourir", écrit-il.

AFP - François Fillon a clairement manifesté lundi son opposition à l'euthanasie, un sujet de société récurrent relancé par une proposition de loi de sénateurs qui vise à la légaliser et qui a jeté le trouble dans la majorité présidentielle.

Pour l'occasion, le Premier ministre s'est exprimé dans une tribune au Monde. "La question est de savoir si la société est en mesure de légiférer pour s’accorder le droit de donner la mort. J’estime que cette limite ne doit pas être franchie", écrit-il, mettant en garde contre toute "précipitation".

Des ministres sont montés au créneau pour défendre le même point de vue. Xavier Bertrand (Santé) a plaidé pour "le développement des soins palliatifs" et "l'application pleine et entière de la loi de 2005", dite Loi Leonetti sur la fin de vie.

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L'euthanasie tolérée en Suisse
Le Premier ministre François Fillon s'oppose au projet de loi sur l'euthanasie

Son collègue Laurent Wauquiez (Affaires européennes) a mis en garde contre le risque de "dérives". M. Bertrand sera au Sénat mardi en début de soirée pour défendre la position du gouvernement au moment où sera examinée la proposition de loi.

Selon des sources parlementaires, l'intervention du Premier ministre a pour objectif de resserrer les rangs de la majorité, tiraillée par des avis contraires sur la question.

D'ailleurs, la proposition de loi qui a été adoptée la semaine dernière par la commission des Affaires sociales est le fruit de trois textes allant dans le même sens mais émanant des deux bords de l'hémicycle, de deux sénateurs communistes-Front de gauche à un UMP en passant par un socialiste.

Même si une grande partie du parti présidentiel y est hostile, les sénateurs UMP doivent de plus en plus composer avec les centristes pour dégager un consensus.

La sénatrice et ex-ministre centriste Valérie Létard et le président du groupe Union centriste du Sénat, Nicolas About, ont ainsi expliqué, avoir voté le premier article de la proposition de loi afin que "soit ouvert le débat".

Il stipule que "toute personne capable majeure, en phase avancée ou terminale d'une affection accidentelle ou pathologique grave et incurable, lui infligeant une souffrance physique ou psychique qui ne peut être apaisée ou qu'elle juge insupportable, peut demander à bénéficier (...) d'une assistance médicalisée permettant (...) une mort rapide et sans douleur".

S'il prend soin d'expliquer que dans ce débat "aucune conviction n'est indigne", François Fillon met en avant, dans son plaidoyer contre la mort médicalement assistée, les "efforts" accomplis depuis quelques années en matière de soins palliatifs et de "refus de l'acharnement thérapeutique".

La proposition de loi "ne prévoit aucune obligation explicite de consultation, ni même d’information de la famille du malade" et "le contrôle des actes ne serait effectué qu’a posteriori par une commission", s'inquiète-t-il.

A moins d'un an et demi de l'élection présidentielle, l'euthanasie pourrait s'inviter dans la campagne électorale. Le Parti socialiste, qui avait déposé une proposition de loi en novembre à l'Assemblée retoquée par les députés, l'a inscrit dans son programme.

Martine Aubry s'est déclarée lundi soir sur Canal+ "favorable" à la proposition de loi, réclamant toutefois des "précautions" dans son application.

Les Français restent partagés. Dans un récent sondage, 52% des personnes interrogées estiment qu'une légalisation de l'aide à mourir comporterait "des risques de dérives", contre 48% qui pensent le contraire.

Et le développement de soins palliatifs de qualité apparaît pour 60% des Français comme "la priorité en terme de fin de vie", bien avant la légalisation de l'euthanasie (38%).