Considérés comme proches de Ben Ali, le propriétaire de la chaîne privée Hannibal TV, Larbi Nasra, et son fils Mehdi ont été arrêtés dimanche à Tunis. Tous deux sont accusés de trahison pour avoir tenté "de faire avorter la révolution".
REUTERS - Le propriétaire d'une station privée de télévision tunisienne et son fils ont été arrêtés pour "trahison" pour avoir encouragé la violence et travaillé pour le le retour du président déchu Zine Ben Ali, rapporte dimanche l'agence de presse tunisienne.
"Le propriétaire de Hannibal TV (Larbi Nasra), qui est apparenté à l'épouse de l'ancien président, se sert de la station pour faire avorter la révolution de la jeunesse, semer la confusion, inciter aux dissensions et diffuser de fausses informations", écrit l'agence en citant une source autorisée.
"Le but est de créer un vide constitutionnel, de ruiner la stabilité et d'engager le pays dans un tourbillon de violence qui ramènera la dictature de l'ancien président."
Loutfi Salami, porte-parole de cette chaîne lancée en 2005, a déclaré que les autorités avaient interrompu les émissions de Hannibal TV.
La chaîne a toutefois recommencé à transmettre quelques heures plus tard. Le ministre Nejib Chebbi, issu de l'ancienne opposition au régime Ben Ali, est intervenu pour garantir la reprise des émissions, a rapporté la télévision nationale, en présentant ses excuses au nom du gouvernement pour l'interruption.
Pour Saleh Attia, éditorialiste au quotidien Assabah, les mesures prises contre Hannibal TV sont le signe que les manifestations de protestation qui continuent jour après jour commencent à agacer les autorités, qui sont divisées sur l'attitude à adopter.
"Cela vise à barrer la route à ceux qui, dans la rue, veulent la chute du gouvernement. Ils ont peur de ces manifestations, qui se sont étendues à d'autres provinces et atteignent maintenant les bureaux du Premier ministre", a-t-il dit.
Attia souligne que même si Nasra était apparenté à Leila Trabelsi, l'épouse de Ben Ali, il n'était pas considéré pour autant comme un homme du régime. "Pourquoi font-ils ça tout d'un coup?", s'interroge-t-il.
Sihem Bensedrine, militant des droits de l'homme harcelé par le régime de Ben Ali, n'a pas caché son inquiétude.
"Cela (les arrestations) va à l'encontre de la liberté d'expression. Je crains que les partisans de l'ancien régime ne soient là en train d'entreprendre quelque chose contre la révolution."