La ministre française des Affaires étrangères a essuyé des jets de projectiles, ce vendredi, alors qu'elle effectuait une visite à Gaza. Les protestataires condamnent des propos attribués à tort à la ministre sur le soldat israélien Gilad Shalit.
AFP - La ministre française des Affaires étrangères Michèle Alliot-Marie, en visite à Gaza, a été chahutée vendredi par quelques dizaines de manifestants palestiniens lui reprochant des propos attribués par erreur à la ministre sur la détention de Gilad Shalit.
Elle a été suivie jusqu'à l'hôpital Al-Quds à Gaza par les manifestants, maintenus à l'extérieur par le service d'ordre, mais qui ont provoqué une cohue à l'entrée et à la sortie de l'établissement, au milieu de laquelle la chef de la diplomatie française est restée souriante et imperturbable.
Son véhicule a été bombardé d'oeufs à la sortie, selon des témoins.
Peu auparavant, Valérie Hoffenberg, représentante spéciale de la France pour le processus de paix au Proche-Orient, a reçu un coup à la tête dans la bousculade des photographes et cameramen à l'intérieur de l'hôpital.
"Commotionnée", selon l'entourage de la ministre, elle a été traitée pour un hématome et devait subir un examen médical par précaution, a-t-on indiqué de source diplomatique française.
La visite de la délégation française sur le futur site du nouveau Centre culturel français (CCF) à Gaza a été annulée.
Les protestataires avaient pris à partie la ministre dès son arrivée au poste de sécurité du Hamas, qui contrôle la bande de Gaza, où ils ont jeté des chaussures vers son véhicule, sur lequel l'un d'entre eux est monté, a constaté un photographe de l'AFP.
Au sein de la délégation française, on a confirmé que le convoi avait été brièvement ralenti, sans faire état de jets de projectiles.
"Il y a Gilad Shalit mais aussi 7.000 prisonniers palestiniens" dans les prisons israéliennes, pouvait-on lire sur l'une des banderoles brandies par les manifestants.
Deux enfants, en pleurs et terrorisés, ont été allongés devant les roues des 4x4 des Nations unies transportant la délégation avant d'être récupérés par leur famille, a constaté un journaliste de l'AFP.
Par haut-parleur, un manifestant a imputé à Mme Alliot-Marie les propos tenus jeudi en sa présence par le père de Gilad Shalit, qualifiant de "crime de guerre" la détention au secret depuis juin 2006 de son fils, un soldat israélien qui détient également la nationalité française.
Dans un communiqué publié jeudi soir sur la foi des propos de Noam Shalit attribués à tort à la ministre française par plusieurs médias, dont le service arabe de la radio israélienne, le Hamas a dénoncé "la déclaration partiale de la ministre française des Affaires étrangères décrivant l'enlèvement de Shalit comme un +crime de guerre+".
Gilad Shalit a été enlevé le 25 juin 2006 par trois groupes armés palestiniens, dont la branche militaire du Hamas.
"Dans les manifestants, il y avait des mères dont je peux comprendre la tristesse mais d'autres avaient souvent d'autres visées. Il faut rester serein. Il y avait une trentaine, une cinquantaine de manifestants, ce n'était pas très grave", a déclaré la ministre après la première manifestation.
"Dans un cas, il y a application du droit avec intervention de la justice et mise en oeuvre de règles du droit de visite par notamment la Croix-Rouge. Dans l'autre cas il y a quelqu'un qui est complètement isolé et qui ne reçoit aucune visite", a ajouté Mme Alliot-Marie.
"Ce sont deux situations différentes et c'est pourquoi j'ai fait un rappel sur le droit humanitaire international", a-t-elle expliqué.
Lors de sa rencontre avec Noam Shalit, la ministre française s'était engagée à intervenir auprès de l'Union européenne et "de faire passer le message pour que le prisonnier reçoive des visites de la Croix-Rouge".