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Les réformes annoncées par le président Ben Ali pour apaiser la crise qui secoue la Tunisie reçoivent un accueil très mitigé. Si l'opposition prend acte d'une certaine ouverture, de nouvelles manifestations hostiles au régime ont eu lieu ce vendredi.
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Les milliers de manifestants qui étaient rassemblés depuis vendredi matin sur la principale artère de Tunis, l'avenue Bourguiba, répondant au mot d'ordre de grève générale lancé par l’UGTT, l’unique syndicat tunisien, ont été dispersés par la police anti-émeute.
Aux alentours de 14 heures (GMT +1), des bombes lacrymogènes ont explosé devant le ministère de l’Intérieur, vidant l’avenue Bourguiba de ses manifestants qui ont pris la fuite dans les rues alentours.
"La police anti-émeute, qui était tout autour de nous d’un bout à l’autre de l’avenue Bourguiba a finalement lancé les premières cannettes de gaz lacrymogènes quand les manifestants ont escaladé les murs du ministère de l’Intérieur, raconte Cyril Vanier, envoyé spécial de FRANCE 24 à Tunis. L’avenue Bourguiba et les rues alentours sont transformées en champs de bataille et les manifestants érigent des barrages", poursuit celui-ci.
Des centaines de personnes ont également manifesté aujourd’hui en province, notamment à Sidi Bouzid, à Regueb, à Kairouan et à Gafsa, lançant des slogans hostiles au pouvoir comme "Soulèvement continu, non à Ben Ali", "Ben Ali dehors" ou "Hommage au sang des martyrs".
Au moins 12 personnes ont été tuées lors d’affrontements avec la police dans la capitale et dans la ville côtière de Rass Jebel, dans la nuit de jeudi à vendredi, après le discours prononcé par le président Ben Ali. Depuis le début de la crise, 66 personnes auraient été tuées, selon les estimations de la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH).
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À la suite de ces débordements, l’ambassadeur tunisien à l’Unesco, Mezri Haddad, a annoncé sa démission. "Dans le doute, je préfère démissionner. Je ne peux plus cautionner ce qu’il se passe dans mon pays", a-t-il déclaré sur l’antenne de FRANCE 24.
Ben Ali encouragé sur la voie de l’ouverture
Face aux manifestations, le gouvernement a changé de ton. Le président Zine el-Abidine Ben Ali a prononcé jeudi soir un discours d’ouverture, annonçant son intention de libéraliser le système politique et de passer la main lors de la prochaine élection présidentielle, en 2014.
"Hier, le président a indiqué clairement une ouverture sur toutes les forces de l’opposition et il est clair qu’il y aura sûrement un remaniement. Je ne serais pas étonné si le président faisait entrer au gouvernement des personnalités de l’opposition", a déclaré Kamel Morjane, le ministre tunisien des Affaires étrangères, sur FRANCE 24.
Dans les premières heures qui ont suivi son intervention, les promesses d'ouverture faites par le président Ben Ali ont fait souffler un vent d'espoir sur le pays et au sein de la communauté internationale.
"Nous avons écouté attentivement les mesures annoncées par le président Ben Ali pour ramener le calme et faire retomber la violence. Nous avons écouté les mesures annoncées en faveur de l'ouverture. Nous encourageons à poursuivre dans cette voie", a déclaré le porte-parole français du ministère des Affaires étrangères, Bernard Valero, lors d'un point-presse.
L’opposition tunisienne, longtemps écrasée par le régime, n’a pas caché la possibilité de revenir sur le devant de la scène. "Je suis agréablement surpris", a déclaré Nejiib Chebbi, chef historique du Parti démocratique progressiste (PDP) sur FRANCE 24, ce vendredi. " Il faut maintenant mettre en place un gouvernement de transition, les Tunisiens n’en peuvent plus du pouvoir personnel du président. Ils veulent du pluralisme", a-t-il déclaré.
"Des promesses sans lendemain" ?
itMalgré le scepticisme affiché par certains, de nombreux dissidents ont également salué les décisions annoncées par le président tunisien. "Ce discours ouvre des perspectives", a ainsi déclaré Mustapha Ben Jaafar, chef du Forum démocratique pour le travail et les libertés. "C'est positif, le discours répond à des questions qui ont été soulevées par notre parti", a jugé Ahmed Brahim, chef du parti Ettajdid (parti indépendant). "C’est un discours historique", a clamé, quant à elle, Bouchra Bel Haj, avocate et figure des droits de l’Homme en Tunisie. Selon Mohamed Abbou, un autre militant des droits de l’Homme, en revanche, "le président se moque des Tunisiens avec des promesses sans lendemain".
Depuis près d’un mois, les autorités tunisiennes sont confrontées à une révolte populaire sans précédent. L'immolation d’un jeune homme, le 17 décembre dernier, à Sidi Bouzid, avait mis le feu aux poudres.