logo

Soldats, policiers, malades hospitalisés et prisonniers ont voté par anticipation pour les élections provinciales, premier scrutin organisé dans le pays depuis quatre ans. Les autres électeurs se rendront aux urnes samedi.

Retrouvez l'article sur la communauté noire d'Irak qui rêve d'élire son Obama en cliquant ici

AFP - Trois jours avant leurs compatriotes, la très grande majorité des 617.000 prisonniers, militaires, policiers et malades irakiens ont voté mercredi pour élire les conseils provinciaux, dans le premier scrutin en Irak depuis 2005, et depuis la baisse des violences.

Ces Irakiens ont pu se rendre dans près de 1.700 bureaux de vote, installés dans des écoles pour les policiers et militaires, et dans les hôpitaux et prisons du pays.

La grande majorité des quelque 15 millions de personnes inscrites sur les listes électorales voteront samedi.

Le chef de la Commission centrale électorale, Faraj al-Haydari, a indiqué que la participation était "énorme" sans pouvoir encore en donner le chiffre.

"Je suis heureux de confirmer qu'il n'y a eu aucune violation ou irrégularité", a déclaré M. Haydari.  

Cependant, dans la ville sunnite de Falloujah (50 km à l'ouest de Bagdad), Kahtan al-Machhadani, observateur d'une liste concurrente, a accusé le Parti islamique de bourrer les urnes "sous l'oeil bienveillant du président du bureau, qui appartient au même parti".

Toujours à Falloujah, des échauffourées ont opposé militaires et policiers irakiens.

Et à Tuz Khurmatu, à 180 km au nord de Bagdad, deux policiers qui gardaient une école devant servir samedi de bureau électoral ont été tués mercredi soir par des inconnus, a indiqué à l'AFP la police locale.

A Nassiriyah, à 255 km au sud de Bagdad, dix policiers ont été arrêtés car ils avaient laissé des militants du Conseil supérieur islamique d'Irak s'approcher du bureau de vote pour inciter les électeurs à voter pour leur formation.

A Diwaniyah, à 180 km au sud de Bagdad, un soldat, Ghassan Abed, a lancé: "les élections de 2005 n'avaient rien changé à notre vie et je voterai cette fois pour la liste indépendante des tribus de Diwaniyah".

A Mossoul, dernier bastion urbain d'Al-Qaïda situé dans le nord de l'Irak, les élections se sont passées sans problème et 85% des inscrits ont voté, selon la Commission électorale.

Mais à Bassorah, dans le sud, quatre journalistes, dont celui de l'AFP, ont été frappés et trois caméras cassées par les gardiens de la prison Al-Minah, sans aucune explication.

A Bagdad, des militaires ont voté tôt dans la matinée. Comme Jaafar Adnane, un lieutenant de l'armée, "heureux car les élections se déroulent de manière démocratique et sans pression".

Et à Ramadi, capitale de la province sunnite d'Al-Anbar, un grand nombre de policiers et de militaires se rendaient aux bureaux de vote, selon un correspondant de l'AFP.

Ce scrutin signe le retour des sunnites qui avaient boycotté les précédentes provinciales, début 2005, laissant le champ libre aux chiites et aux Kurdes dans les conseils.

Dans un rapport publié mercredi, International Crisis Group (ICG) a estimé que cette élection pourrait marquer un "tournant" à condition que les fraudes n'entachent pas le scrutin.

C'est également un test pour le Premier ministre Nouri al-Maliki, qui dirige la liste donnée favorite.

Plus largement, ce vote intervient après la fin du mandat de l'ONU sur la présence des forces de la coalition en Irak. Depuis le 1er janvier, les Irakiens ont le contrôle de la sécurité et sont un peu plus maîtres de leur souveraineté et de leur destin.