Près d'une semaine après l'attentat qui a fait 21 victimes à l'église des Saints d'Alexandrie, les coptes d'Égypte entament ce jeudi soir les célébrations du Noël orthodoxe. Quelque 70 000 policiers ont été déployés autour des lieux de culte.
AFP - Des dizaines de milliers de policiers ont été déployés autour des églises en Egypte, où les Coptes étaient attendus nombreux jeudi soir et vendredi pour les célébrations du Noël orthodoxe, près d'une semaine après l'attentat sanglant contre cette communauté à Alexandrie.
Quelque 70.000 policiers et conscrits ont été spécialement affectés à la surveillance des lieux de culte chrétiens, avec des véhicules blindés et des équipes de spécialistes des explosifs, selon les services de sécurité.
Des barrières de sécurité pour empêcher les véhicules de se garer ont également été installées devant les édifices, dont l'accès était soumis à des contrôles.
A Alexandrie, au nord du Caire, le nombre de policiers affectés à la surveillance de l'église des Saints, où a eu lieu l'attentat du 1er janvier, a été doublé en prévision des célébrations, selon un journaliste de l'AFP sur place.
Autre lieu sensible, la cathédrale du Caire où le patriarche copte orthodoxe, Chenouda III, doit diriger en soirée une messe de veille de Noël devant des milliers de fidèles.
Au Moqqatam, le quartier misérable des chiffonniers (zabbaline) du Caire, en grande majorité chrétiens, des caméras de surveillance ont été installées près de l'église Saint-Simon où 3.000 personnes sont attendues.
Des musulmans ont indiqué qu'ils assisteraient aux messes, ou participeraient volontairement à la protection des églises, pour manifester leur solidarité avec les chrétiens visés par l'attentat qui a coûté la vie à 21 personnes.
La police a indiqué dans l'après-midi avoir découvert un engin explosif rudimentaire dans une église de Minya, à quelque 200 km au sud du Caire, composé d'une boîte de lait en poudre bourrée de pétards, de boulons et de clous, sans détonateur.
La sécurité a été également renforcée autour d'autres lieux sensibles, comme les stations touristiques également frappées par des attentats par le passé, selon le quotidien gouvernemental al-Ahram.
Dans plusieurs autres pays, comme la France, le Canada, l'Allemagne ou les Pays-Bas, le niveau de vigilance a été accru autour des lieux de culte coptes.
Les Coptes d'Egypte, pour la plupart orthodoxes, représentent 6 à 10% des quelque 80 millions d'Egyptiens, en grande majorité musulmans sunnites. Ils constituent la minorité chrétienne la plus nombreuse du Moyen-Orient.
Côté enquête, le ministère de l'Intérieur a diffusé mercredi une photo reconstituée du visage d'un inconnu soupçonné d'être l'auteur de l'attentat, réalisée à partir d'une tête arrachée retrouvée sur le lieu du carnage.
La police espère que la publication de cette photo aidera à identifier le suspect.
Selon les services de sécurité, l'homme a fait détoner à l'extérieur de l'église 10 à 15 kg d'explosifs, des boulons et des roulements à billes, quand des fidèles commençaient à sortir d'une messe de Nouvel an, peu après minuit.
L'attaque n'a pas été revendiquée, mais le pouvoir a dénoncé des "mains étrangères", même si selon les premiers éléments de l'enquête, l'explosif serait de fabrication locale.
Cet attentat, deux mois après des menaces contre les chrétiens d'Egypte proférées par la branche irakienne d'Al-Qaïda, a provoqué de nombreuses manifestations de Coptes, au Caire et à Alexandrie principalement, qui ont donné lieu à des heurts avec la police.
Les chrétiens sont "mis à l'épreuve", a déclaré le pape Benoît XVI priant pour les Eglises orientales qui se préparent à célébrer Noël.
Les autorités politiques et religieuses d'Egypte, chrétiennes et musulmanes, ont condamné l'attentat d'Alexandrie, et multiplié les appels au calme et à l'unité nationale.