
Le ministre de l'Industrie, Eric Besson, a évoqué ce jeudi sur RTL un cas de "guerre économique" après la mise à pied de trois cadres de Renault, soupçonnés d'espionnage industriel.
REUTERS - Les soupçons d'espionnage industriel qui ont conduit à la mise à pied de trois cadres de Renault ayant occupé des positions stratégiques constituent une affaire "sérieuse", a déclaré jeudi le ministre de l'Industrie, Eric Besson.
Trois hauts cadres du constructeur automobile, dont un membre du comité de direction, ont été mis à pied lundi à titre conservatoire. Selon une source proche du constructeur, tous avaient des liens avec le programme véhicules électrique, une technologie sur laquelle Renault mise beaucoup et dans laquelle il a décidé d'investir quatre milliards d'euros avec son partenaire Nissan.
Eric Besson, interrogé sur RTL, s'est refusé à évoquer les faits dans le détail en invoquant la présomption d'innocence.
"La seule chose que je puisse vous dire, a-t-il déclaré c'est que l'affaire parait sérieuse, qu'elle illustre une nouvelle fois les risques pour nos entreprises en matière d'espionnage industriel, en matière d'intelligence économique, comme on dit aujourd'hui."
Christian Husson, directeur juridique de Renault, a expliqué de son côté que la mise à pied visait à protéger les actifs stratégiques de l'entreprise.
"Cette enquête, qui a duré plusieurs mois, nous a permis d'identifier un faisceau d'éléments convergents attestant que les agissements de ces trois collaborateurs (...) mettaient en risque consciemment et délibérément des actifs de l'entreprise", a-t-il dit dans une déclaration transmise par e-mail.
"Pour Renault, il s'agit de faits très graves concernant des personnes en position particulièrement stratégique dans l'entreprise. Ils justifient une décision conservatoire de cette nature dont l'objet premier est de protéger, sans attendre, les actifs stratégiques, intellectuels et technologiques de notre entreprise."
sanction prochaine
Sur RTL, Eric Besson a expliqué avoir demandé dès mercredi aux services de Bercy "que la sécurisation du secret industriel soit renforcée dans les conventions d'aide à l'innovation que nous passons" avec les entreprises.
"C'est un péril globalement pour l'industrie française. l'expression 'guerre économique' là, pour le coup, parfois outrancière, est adaptée et c'est une chose à laquelle nous devrons veiller à l'avenir", a-t-il ajouté.
La source proche de Renault a estimé de son côté que les personnes mises en cause pourraient être licenciées d'ici la semaine prochaine.
"L'enquête interne continue, mais la décision devrait être prise dans les jours à venir", a-t-elle déclaré. "Dans neuf cas sur dix, une mise à pied à titre conservatoire est suivie d'un licenciement."
"Une mise à pied conservatoire ne dure jamais très longtemps", a indiqué une autre source proche du groupe. "Je pense que malheureusement dans les jours à venir, la semaine prochaine, il risque d'y avoir effectivement des sanctions qui tombent, si tant est qu'il y a des sanctions."
Dans sa déclaration, le directeur juridique de Renault a simplement indiqué que la procédure avance, sans autre commentaire.