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Une centaine de personnes se sont réunies à Paris, sur le parvis de l'Hôtel de ville, pour célébrer le triste anniversaire de la détention des journalistes Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier, otages depuis un an avec leurs trois accompagnateurs.

"C’est l’histoire de deux types : à la fin, ils s’en sortent…" C’est le message d’espoir que Florence Aubenas, marraine du comité de soutien aux otages Stéphane Taponier et Hervé Ghesquière, et elle-même ancienne otage, a lancé à la foule réunie ce jeudi matin, sur la place de l’Hôtel de ville, à Paris. Ses mots doux soulèvent une valse d’applaudissements chaleureux en cette grise matinée d’hiver. 

Les portraits géants des deux journalistes, suspendus à la façade
EN IMAGES : Paris se mobilise pour les otages
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néo-renaissance de la mairie, semblent regarder fixement la centaine de personnes venue célébrer le triste anniversaire de leur enlèvement. Stéphane Taponier et Hervé Ghesquière sont retenus depuis un an exactement en Afghanistan avec leurs trois accompagnateurs, Mohamed Reza, Ghulam et Satar. Le 29 décembre 2009, ils étaient kidnappés par un groupe taliban, dans la vallée de la Kapisa, au nord-est de l’Afghanistan pendant le tournage d’un reportage pour le magazine de France 3 "Pièces à conviction". 
Amis, familles, collègues, ou simple anonymes sont venus afficher leur solidarité, arborant le badge de Reporters sans Frontières (RSF)  "On ne vous oublie pas" ou le petit bracelet bleu "Libérez-les". Les membres du comité de soutien ont déployé la banderole géante où les lettres rouges inscrivent comme un cri du cœur "Libérez les otages !" Plus tôt dans la matinée, RSF a fait projeter le visage des deux journalistes sur l’Arc de Triomphe pour marquer le coup d’envoi d’une série de manifestations organisées dans toute la France.
"Que savons-nous du silence des montagnes afghanes ? Rien. Que savons-nous de nos confrères ? Rien. Que savons-nous de l’avancée des négociations et des dates de libération ? Rien. Et c’est justement parce que nous ne savons rien que nous avons l’obligation morale de nous mobiliser", déclame ému Dominique Gerbaud, le président de RSF.
Promesses et échéances non tenues

D’après les nouvelles émises par l’Elysée, les otages sont en vie et en bonne santé. L’Elysée a annoncé le 20 décembre avoir reçu une vidéo où l’on peut les voir "sereins et amaigris", d’après les familles qui ont été invitées à la visionner mardi. Mais l’état d’avancée des négociations reste inconnu. 

Lasses des promesses non tenues et des échéances qui passent, les familles et organisations réclament "du concret". D’une même voix, les familles des otages, le comité de soutien et RSF demandent aux autorités de cesser de donner des dates de libération potentielle non suivies d’effet.
"Pendant l’été, on pensait qu’ils seraient libérés en septembre. Puis en septembre, on nous a dit Noël. À chaque fois, on y a cru, on s’était préparé. Mais les semaines passent et ils ne sont toujours pas là", déplore Arlette Taponier, la mère de Stéphane, présente aux côtés de son mari et des proches du comité de soutien.
"Alors on ne veut plus que le gouvernement ou que l’état-major nous berce de propos optimistes. On veut du concret !" continue Arlette Taponier.
La famille Taponier a décidé de rompre le silence auquel les familles s’étaient rigoureusement tenues depuis un an pour augmenter la pression sur le gouvernement.
Le comité de soutien dénonce la campagne de communication politique menée par le gouvernement. "Il y a ceux qui négocient, qui travaillent d’arrache-pied sur le terrain et dans le silence pour faire libérer les otages. Et ceux qui communiquent. Le plan de communication, on n’en veut pas", s’insurge devant un petit groupe de journalistes Richard Coffin, porte-parole du comité de soutien et ami proche de Stéphane Taponier.
Le président de RSF invite cependant à la retenue ."Ne nous trompons pas d’adversaire", rappelle Dominique Gerbaut (RSF), nos interlocuteurs sont à l’Elysée et nos ennemis sont en Afghanistan. Nous ferons pression sur les autorités françaises pour qu’elles agissent comme elles l’ont fait pour Ingrid Bettancourt devenue une cause nationale".
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"On ne perd l'espoir parce qu'on ne peut pas se le permettre mais on perd confiance", Florence Aubenas
"On veut du concret" pour la libération des otages en Afghanistan
"La mobilisation sert à les faire revenir"
  • Stéphane Taponier. Âgé de 46 ans, ce cameraman a couvert la guerre en Irak et plusieurs conflits sur le continent africain. Depuis 2000, il se rendait régulièrement en Afghanistan.
  • Hervé Ghesquière. Journaliste pour le magazine "Pièces à conviction" diffusé sur France 3, ce reporter de 47 ans a couvert la guerre en ex-Yougoslavie, en Afghanistan, en Irak et la guérilla des Khmers rouges au Cambodge.

Une porte-parole des familles, présente à la manifestation, espère que les intérêts en jeu dans la région n’altéreront pas les négociations : "Depuis l’unique preuve de vie reçue il y a des semaines, nous restons sans nouvelles. Le silence se fait lourd mais nous ne voulons pas qu’il soit synonyme d’oubli. Nous osons croire que leur vie vaut plus que tous les intérêts mis en jeu".  

Tous espèrent que les messages de soutien, la chaleur des sympathisants, les mots tendres des proches, la solidarité de la "grande famille des journalistes" parviendra aux oreilles des otages. Pour Florence Aubenas, retenue  deux mois en 2005 en Irak, la mobilisation est indispensable : "Vous vous demandez à quoi ça sert, les bracelets, les banderoles, les manifestations, tout ça. J’ai été détenue en Irak et aujourd’hui je suis là. Alors cette mobilisation sert à ça : à nous faire revenir!"

La pétition de soutien à Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier est disponible sur le site de RSF.