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L'UE insiste pour un gazoduc contournant la Russie

La République tchèque, qui assure la présidence tournante de l'UE, appelle les 27 à intervenir pour faire progresser le dossier du gazoduc Nabucco, qui doit relier la mer Caspienne au Continent européen en évitant la Russie.

AFP - A la lumière de la récente crise du gaz entre Moscou et Kiev, les Européens ont défendu mardi à Budapest le projet de gazoduc Nabucco, encore en quête de financements, qui leur permettra de limiter la dépendance énergétique vis-à-vis de la Russie.

Lancé en 2002, le projet vise à relier sur 3.300 km la mer Caspienne au centre de distribution européen de Baumgarten, en Autriche, en passant par la Turquie, la Bulgarie et la Roumanie.

Les délégués d'une douzaine de pays de transit ou fournisseurs potentiels ainsi que des représentants de l'Union européenne (UE), réunis à Budapest, ont réaffirmé leur soutien à ce gazoduc qui doit permettre à partir de 2013 de diversifier l'approvisionnement en gaz de l'Europe.

Selon le texte de la "déclaration de Budapest" adoptée par les participants, ces derniers s'engagent à développer la coopération entre les "pays membres de l'UE, la Turquie, la Géorgie, les pays de la région de la mer Caspienne et du Moyen-Orient". Ils visent "la création d'un partenariat énergétique effectif tenant compte des besoins domestiques des pays fournisseurs, de transit et des marchés européens".

Le président de la Commission européenne, Jose Manuel Barroso, a réitéré dans un message vidéo "le soutien de la Commission" au projet Nabucco, en notant que la "vulnérabilité énergétique" de l'UE, illustrée par la récente crise russo-ukrainienne, "donnait une importance spéciale" à la conférence de Budapest.

Le Premier ministre hongrois Ferenc Gyurcsany, hôte de la réunion, a réclamé le déblocage par l'UE "dans les prochaines semaines" de 200 à 300 millions d'euros pour que puisse enfin être lancée la construction du gazoduc dont le coût total est estimé à près de 8 milliards d'euros.

Devant la presse, M. Gyurcsany a précisé qu'il attendait au total un "soutien de l'ordre de 2 milliards d'euros de la part de l'Union européenne".

"Il est également nécessaire de créer une direction internationale de Nabucco, qui regrouperait les dirigeants politiques des pays concernés", a-t-il ajouté en tablant sur la signature d'un accord intergouvernemental entre la dizaine de pays impliqués "avant la fin juin".

Selon le Commissaire européen à l'Energie, Andris Piebalgs, le texte de l'accord intergouvernemental "doit être finalisé pour fin mars".

Cet accord constitue pour le président de la Banque européenne d'investissement (BEI) Philippe Maystadt, également présent, une condition indispensable pour débloquer un financement de la BEI, qui pourrait atteindre 25% du montant total du projet.

Le Premier ministre tchèque Mirek Topolanek, dont le pays assume la présidence semestrielle de l'UE, a déclaré qu'il s'agissait d'un "projet de paix, de liberté et d'indépendance" pour tout le continent européen, car il réduira la dépendance énergétique vis-à-vis de la Russie, tout en notant que ce n'était pas un "projet anti-russe".

Du côté des fournisseurs potentiels de Nabucco, le président azerbaïdjanais Ilham Aliev a noté que "l'harmonisation des intérêts de tous --pays fournisseurs, consommateurs et pays de transit-- peut être atteinte s'il est possible d'assurer un approvisionnement stable, un transit garanti et un prix adéquat" du gaz.

Le vice-Premier ministre géorgien Nika Gilauri a pour sa part déclaré à l'AFP que son pays "n'avait pas besoin du gaz" livré par Nabucco mais voulait "être payé pour le transit".

Plusieurs nouvelles réunions des parties prenantes ont été proposées pour 2009 au Turkménistan, en Turquie, en Bulgarie et en République tchèque, afin d'accélérer le lancement de la construction du gazoduc.