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Des manifestants pro-Gbagbo se sont réunis à Paris pour fustiger la France et l'Onuci

Des centaines de sympathisants de Laurent Gbagbo étaient rassemblés dimanche à Paris, sous forte escorte policière. Pancartes et slogans critiquaient les rôles de la France et de l'ONU dans l'issue de l'élection présidentielle.

Plusieurs centaines de personnes - 600 manifestants selon les forces de police, 2000 selon les organisateurs - étaient rassemblées dimanche après-midi, place de la République à Paris, pour soutenir Laurent Gbagbo et demander le départ des troupes étrangères du territoire ivoirien. 

La manifestation, organisée par les représentants du Front Populaire Ivoirien (FPI – parti de Laurent Gbagbo) en France, était particulièrement critique vis-à-vis du soutien de Paris et de la communauté internationale à Alassane Ouattara.

La plupart des témoignages recueillis par FRANCE 24 insistaient sur le respect de la souveraineté ivoirienne, de ses institutions, et de la décision du Conseil constitutionnel qui a proclamé la victoire de Laurent Gbagbo. Parmi ces manifestants se trouvaient une grande majorité de partisans du FPI, mais aussi des sympathisants du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) de Henri-Konan Bédié, arrivé en troisième position au premier tour et qui avait pourtant appelé ses partisans à soutenir Alassane Ouattara. 

"Les Ivoiriens disent non à l’armée française, non à l’Onuci, non à l’occupation", indiquait ainsi la pancarte brandie par Aristide, un manifestant français d’origine ivoirienne. "C’est un problème ivoiro-ivoirien, mais l’ONU et la France veulent mettre le cafouillage dans notre pays" poursuivait-il, alors qu’autour de lui, d’autres manifestants entamaient des chants et des slogans en soutien à Laurent Gbagbo. "Je suis là pour soutenir mon président, élu démocratiquement, et l’ONU n’a pas son mot à dire" expliquait encore Murielle, une Ivoirienne de 19 ans qui étudie à Paris. 

Côte d’Ivoire et Françafrique 

La colère de beaucoup de manifestants était dirigée contre la "Françafrique" et les "réflexes néo-colonialistes" qui, d’après eux, expliquent la crise politique à Abidjan. Les Ivoiriens ont d’ailleurs été rejoints sur ce thème par d’autres Africains de Paris – Togolais, Burkinabés, Gabonais – demandant la fin des ingérences occidentales sur le continent noir. 

"Les Africains sont fatigués qu’on leur impose des présidents", expliquait encore Jean-François, citoyen congolais (Congo-Brazzaville,) entouré de deux camarades ivoiriens dont Guy, 32 ans, "pur houphouétiste" qui estime faire partie de "cette génération fatiguée que les pays africains ne choisissent pas leur avenir". 

Peu avant la fin du rassemblement vers 18h (heure de Paris), la représentante du FPI en France, Brigitte Kuyo, a pris la parole pour "dénoncer l'ingérence de Nicolas Sarkozy et de la communauté internationale", applaudie par une foule qui a ensuite repris "L’Abidjanaise", l’hymne ivoirien. 

"Un deuxième Rwanda" 

Après dispersion des sympathisants de Laurent Gbagbo, plusieurs dizaines de manifestants pro-Alassane Ouattara étaient toujours maintenus à l’entrée de la place de la République par un important cordon policier. Environ 200 d’entre eux s’étaient rassemblés pour ne pas abandonner le terrain aux pro-Gbagbo, et quelques heurts ont opposé les deux camps en début de manifestation, faisant deux blessés. 

"Il faut déloger Gbagbo, l’enlever par la force", ont lancé deux militants du Rassemblement des Démocrates (RDR) d’Alassane Ouattara. Yves et Ernest craignaient que le départ des forces onusiennes et françaises (Onuci et Opération Licorne) "ne soit l’occasion d’un véritable génocide, d’un deuxième Rwanda".

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