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"Le risque d'une nouvelle bulle financière existe"

Cobus Venter est directeur d’Econex, l’un des principaux centres d’analyse économique d’Afrique du Sud spécialisé dans le commerce international et les questions de concurrence.

France24.com a demandé à cinq économistes de différents pays de retenir et analyser cinq faits marquants de l'actualité économique de 2010. Voici ceux choisis par le Sud-africain Cobus Venter.

1 – Marchés émergents
Les marchés émergents, spécialement asiatiques, ont eu la faveur de tous tandis que le monde industrialisé a connu une détérioration d’image inédite. Beaucoup ont été pris de court par la vitesse de cette évolution. La rapide appréciation des monnaies de certains pays émergents va avoir des conséquences énormes sur le pouvoir d’achat des populations. Ce sera l’une des tendances fortes de 2011 qui devrait être dominée par des batailles de monnaies de plus en plus virulentes.

2 – L’effet Coupe du monde
L’Afrique du Sud s’est réjouie, à raison, d’avoir organisé avec succès une Coupe du monde de football. Un événement qui devrait changer la vision pessimiste de beaucoup quant à la capacité d’un pays africain à gérer un tel défi. Certes, les retombées économiques ne sont pas énormes mais l’effet en termes d’image n’a pas de prix.

3 – Le retour des marchés financiers
Les économies de certains pays dits développés ont implosé. Pour faire face à cette situation, les autorités de ces États ont fait tourner à plein la planche à billets (plan de soutien, rachat de dettes souveraines, NDLR) ce qui a dopé de façon inédite les marchés financiers. Jamais auparavant après une crise, les bourses n’ont connu un tel regain d’activités, alors même que les indicateurs économiques restent mauvais. Les pays en voie de développement ont été les premiers bénéficiaires de cette tendance. Mais il existe un réel risque de nouvelle bulle financière. L’envolée des prix de certains biens, comme l’or, inquiète. Il y a trop d’argent et trop peu de biens disponibles : c’est souvent de mauvaise augure.

4 – La Chine contre le reste du monde

La Chine n’est plus seulement une puissance économique en devenir. Le pays a triplé sa réserve de devises étrangères depuis le début de la crise et il sera l’une des stars économiques mondiales en 2011. Pour l’instant, les États-Unis restent encore dans la course, mais n’ont toujours pas commencé à s’occuper sérieusement des problèmes structurels de leur économie. La zone euro semble actuellement à la traîne. Il n’est pas exclu que la crise qu’elle traverse change à jamais sa nature même.

5 – La compétitivité sud-africaine
Certes l’Afrique du Sud n’est plus en récession mais sa monnaie très forte peut être un sérieux handicap. Les taux d’intérêt, qui n’ont jamais été aussi bas depuis 1970, et la consommation des ménages ont permis à l’économie de redécoller, mais la production est encore à la traîne. Le Rand fort fait beaucoup de mal à la compétitivité des entreprises sud-africaines sur la scène internationale. Il favorise également les importations. Les produits bon marché sont de plus en plus présents en Afrique du Sud. C’est excellent pour les consommateurs, mais change fondamentalement la donne. Le risque est que la balance commerciale devienne déficitaire ce qui obligerait les autorités à faire baisser la valeur de la monnaie.

Pour retrouver les analyses de quatre autres économistes interrogés par France24.com sur les événements de l’année 2010, cliquez ici.