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Deux semaines avant le retour de l'opposition au Parlement, dont elle était absente depuis son boycott des législatives de 2005, l'Assemblée a voté vendredi soir des pouvoirs exceptionnels au président Hugo Chavez pour 18 mois.

AFP - Le Parlement vénézuélien, contrôlé par le parti du président Hugo Chavez, a voté vendredi une loi accordant au chef de l'Etat des pouvoirs exceptionnels pendant 18 mois, deux semaines avant le retour massif de l'opposition à l'Assemblée.

"La loi autorisant le président de la République à édicter des décrets ayant rang, valeur et force de loi dans les domaines délégués est adoptée", a déclaré la présidente du Parlement, Cilia Flores, sous les applaudissements des députés chavistes.

L'opposition, quasiment absente du Parlement depuis son boycott des législatives de 2005, occupera à partir du 4 janvier 67 des 165 sièges de la nouvelle Assemblée, après avoir fait presque jeu égal avec la coalition de gauche radicale de Hugo Chavez lors des élections de septembre.

Mais elle ne pourra pas abroger cette loi, qui recquiert 60% des députés pour y parvenir.

Durant 18 mois, Hugo Chavez pourra promulguer des lois portant notamment sur la sécurité, la défense nationale, les finances, la coopération internationale, les transports et services publics ou l'utilisation de la terre.

"Une vingtaine de lois sont quasiment prêtes", a déclaré jeudi soir le président vénézuélien.

Parallèlement, l'Assemblée nationale a voté en urgence un renforcement du contrôle public sur les banques, une mesure dénoncée par l'opposition qui y voit un pas supplémentaire vers la nationalisation du secteur, contrôlé à 25% par l'Etat.

A l'intérieur comme à l'extérieur du pays, de nombreuses voix ont dénoncé une remise en cause du vote des électeurs et de la séparation des pouvoirs.

"C'est un plan du gouvernement pour essayer de retirer tout pouvoir au Parlement et de gouverner de manière absolument autocratique à partir du 1er janvier, sans aucune forme de contrôle", a critiqué le député d'opposition Ismael Garcia.

"C'est la quatrième fois que le président Chavez recourt à ces décrets", a ironisé Philip Crowley, le porte-parole du département d'Etat. "Il semble trouver des moyens créatifs de justifier ses pouvoirs autocratiques".

Le président vénézuélien, au pouvoir depuis 1999, a déjà été autorisé à gouverner par décret à trois reprises en onze ans, en 2000, 2001 et 2008, faisant passer une centaine de lois, dont celle sur la nationalisation de secteurs clefs de l'économie comme le pétrole.

La dernière loi de ce type s'était déjà étendue sur 18 mois, la période la plus longue de l'histoire démocratique du Venezuela durant laquelle un chef de l'Etat a joui de telles prérogatives.

Cette fois, M. Chavez a sollicité ces pouvoirs en les justifiant par la "situation d'urgence" provoquée par les intempéries qui ont fait 38 morts et plus de 130.000 sinistrés ces dernières semaines.

Sa demande portait initialement sur un an, mais les parlementaires l'ont étendue à 18 mois, à la "demande des sinistrés".

Deux autres lois controversées sont à l'ordre du jour, une sur les télécommunications et une autre dite de "responsabilité sociale en radio et télévision", qui régule aussi l'internet.

"Cet ordre du jour n'a rien à voir avec les problèmes du pays. Il vise à résoudre ceux du président Chavez en termes de leadership", a critiqué la députée d'opposition Pastora Medina, dénonçant l'insécurité croissante et les problèmes d'approvisionnement électrique du premier producteur sud-américain de pétrole.