
Sept des 17 membres présumés du "gang des barbares", jugés en appel pour le rapt et la séquestration d'Ilan Halimi, le jeune juif de 17 ans tué par Youssouf Fofana en 2006, ont vu leurs peines aggravées par la cour d'assises du Val-de-Marne.
AFP - La justice a aggravé vendredi les peines de sept des 17 accusés notamment jugés en appel à Créteil pour le rapt et la séquestration d'Ilan Halimi, un jeune juif tué en 2006 par Youssouf Fofana après trois semaines de détention à Bagneux.
"Peu importent les peines, la plus grande peine c'est moi qui l'aurai toute ma vie", a déclaré la petite amie d'Ilan Halimi, Stéphanie Yin.
A l'issue de près de deux mois de débats à huis clos, la Cour d'assises des mineurs du Val-de-Marne a condamné les 10 autres accusés à des peines identiques à celles décidées en première instance, à Paris en 2009
Prostrés, la tête plongée entre leurs genoux et les mains jointes, les accusés n'ont pas cillé à l'énoncé du verdict.
Au total, les jurés ont prononcé des peines allant de huit mois de prison à 18 ans de réclusion, ainsi qu'un acquittement. L'avocat général s'était montré plus sévère, demandant des peines échelonnées d'un an de prison à 20 ans de réclusion.
Les condamnations les plus lourdes ont échu à un des ravisseurs d'Ilan Halimi, Jean-Christophe Soumbou, et à un de ses geôliers, Samir Aït-Abdelmalek, considéré comme le bras droit de Youssouf Fofana, absent du box après avoir renoncé à faire appel.
"Celui qui était considéré comme l'autre boss a vu sa peine aggravée", s'est réjoui Me Francis Szpiner, l'avocat de la famille Halimi, entouré par une forêt de caméras, se félicitant également que plusieurs autres geôliers aient vu leurs condamnations aggravées.
Me Szpiner s'est en revanche dit un "peu amer" de voir que la jeune femme qui avait servi à appâter Ilan Halimi, mineure au moment des faits, ait été condamnée à neuf ans de réclusion, comme en première instance.
"Je regrette que les jurés aient fait preuve d'une indulgence surprenante puisque par le jeu des remises des peines madame Halimi pourra croiser l'appât dans la rue dès l'année prochaine", a estimé l'avocat.
"Tout ça pour ça!", ont réagi de leur côté plusieurs avocats de la défense qui contestaient le bien-fondé de ce procès en appel, réclamé en 2009 par Michèle Alliot-Marie, alors ministre de la Justice.
Plusieurs avocats avaient cité la ministre comme témoin pour qu'elle vienne s'expliquer à Créteil, l'accusant d'avoir agi sous la pression d'associations juives qui jugeaient le premier verdict trop clément. Après s'y être dite prête, MAM, passée depuis au Quai d'Orsay, avait fait volte-face.
"L'appel était inutile et scandaleux politiquement mais les juges ont su marquer leur indépendance", a fait valoir Me Gilles Antonowicz, avocat de l'appât, soulignant que la hiérarchie des peines n'avait guère été modifiée en appel.
Egalement mineur au moment des faits, le seul des 17 accusés jugé avec la circonstance aggravante de l'antisémitisme a été condamné à 15 ans de réclusion, comme en première instance.
Enlevé début 2006 et retenu, menotté et le visage recouvert d'adhésif, pendant trois semaines à Bagneux (Hauts-de-Seine), Ilan Halimi, 23 ans, a été tué par Youssouf Fofana, condamné à la perpétuité en 2009 pour ce crime antisémite.
Deux de ses ravisseurs n'ont jamais été identifiés.
Un rassemblement en sa mémoire s'est tenu au Palais de justice de Créteil, placé sous haute surveillance policière. Après plusieurs heures d'attente, le calme de cette manifestation a été troublé par des militants de la Ligue de défense juive (LDJ) qui ont pris à partie la soeur d'un des accusés.